Maldives

Amnesty International ne prend pas position sur les questions de souveraineté ou les conflits territoriaux. Les frontières apparaissant sur cette carte sont basées sur les données géospatiales des Nations unies.
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Maldives 2022

Les autorités ont pris de nouvelles mesures pour restreindre juridiquement la liberté d’expression. Les forces de sécurité ont régulièrement fait usage d’une force illégale pour réprimer des manifestations. La peine de mort était encore en vigueur et des personnes demeuraient sous le coup d’une condamnation à mort.

Contexte

Les Maldives demeuraient l’un des pays les plus exposés au changement climatique. L’élévation du niveau des océans a déjà fortement érodé certaines îles inhabitées et a épuisé les réserves d’eau douce. Lors de la 27eConférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP27), en novembre, les Maldives ont ardemment soutenu la création d’un fonds international pour aider les victimes de pertes et préjudices dans les pays exposés au changement climatique.

Liberté d’expression et de réunion

En juillet, le Parlement a adopté une nouvelle Loi relative à la preuve, dont l’article 136 permettait aux juges d’obliger les journalistes à révéler leurs sources. Des groupes locaux et internationaux de la société civile, dont Amnesty International, avaient mis en garde contre les dangers que représenterait l’adoption de ce texte au vu des restrictions qu’il imposait à la liberté de la presse. À la fin de l’année, le gouvernement envisageait de modifier l’article 136.

Les forces de police ont fait usage d’une force illégale à plusieurs reprises afin de disperser des manifestations. En janvier, des manifestant·e·s qui protestaient contre l’influence indienne sur les Maldives ont été arrêtés par la police, notamment au motif qu’ils auraient fait obstruction au travail de représentant·e·s de la loi.

Les autorités ont continué de se servir de la Loi de 2013 relative à la liberté de réunion pacifique pour restreindre les rassemblements pacifiques et accorder une latitude indue aux forces de police en matière d’autorisation des manifestations, contrevenant ainsi au droit international relatif aux droits humains et aux normes en la matière.

Liberté de religion

Certains groupes religieux et politiques ont continué d’invoquer des arguments religieux pour demander la mise œuvre de restrictions de l’exercice des droits humains et du travail de certaines organisations de la société civile. Contraint à la fermeture en 2019 à la suite de pressions exercées par des groupes religieux, le Réseau des Maldives pour la démocratie demeurait dans l’incapacité de mener à bien ses activités.

Le militant Mohamed Rusthum Mujuthaba a passé plus de six mois en détention provisoire pour blasphème avant d’être remis en liberté en août1. Les accusations portées contre lui concernaient des commentaires publiés sur les réseaux sociaux au sujet de la liberté de religion et des droits humains.

En octobre, des participant·e·s à un événement consacré au yoga ont été attaqués par des personnes considérant que le yoga était « contraire à l’islam ». Les autorités ont arrêté 21 personnes et en ont inculpé 18 au titre de la législation antiterroriste pour avoir perturbé cet événement. Deux responsables religieux demeuraient poursuivis pour des infractions liées au terrorisme.

Droits des femmes et des filles

Le Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles [ONU] a exprimé des préoccupations concernant l’augmentation des violences fondées sur le genre. Les femmes ne représentaient que 4,6 % des parlementaires, tandis que les quotas instaurés pour les élections aux conseils locaux ont porté à 39,5 % la part de sièges occupés par des femmes.

Impunité

Abdullah Rasheed est mort en garde à vue en octobre. À la fin de l’année, selon les informations disponibles, aucune enquête n’avait été ouverte pour faire la lumière sur son décès, ni sur celui de Mohamed Aslam, mort en prison en 2021.

En janvier, deux hommes ont été déclarés coupables et condamnés à la réclusion à perpétuité pour le meurtre du blogueur Yameen Rasheed, en 2017. La société civile a exprimé ses inquiétudes concernant l’impartialité de l’enquête et du ministère public, et a appelé la Commission présidentielle d’enquête sur les meurtres et les disparitions forcées à examiner cette affaire.


  1. Maldives. Un militant échappe à un renvoi en prison, 17 août