Lesotho

Amnesty International ne prend pas position sur les questions de souveraineté ou les conflits territoriaux. Les frontières apparaissant sur cette carte sont basées sur les données géospatiales des Nations unies.
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Lesotho 2023

Les forces de sécurité ont réprimé des manifestations pacifiques sur le site de construction du barrage de Polihali et aux alentours. Le gouvernement a présenté à l’Assemblée nationale une motion visant à réintroduire une loi sur la cybercriminalité, qui menaçait d’affaiblir le droit à la liberté d’expression et de renforcer les pouvoirs des forces de l’ordre. Le droit au respect de la vie privée a été bafoué. Des décès suspects ont eu lieu en détention. Les femmes étaient toujours en butte à la discrimination. Un couvre-feu imposé pendant une partie du mois de mai a menacé les moyens de subsistance de la population.

Contexte

En juillet, lors de sa 138e session, le Comité des droits de l’homme [ONU] a exprimé ses préoccupations concernant le processus de création d’une commission nationale des droits humains, l’utilisation arbitraire de l’état d’urgence, les violations des droits humains commises par le passé et l’impunité.

Liberté d’expression et de réunion

Le 23 mai, des agents des Forces de défense du Lesotho ont réprimé des manifestations pacifiques d’habitant·e·s touchés par la construction du barrage de Polihali, dans le district de Mokhotlong. Ces manifestations, survenues au moment du lancement de la phase II du Projet de mise en valeur des ressources en eau des hauts plateaux du Lesotho, visaient à protester contre l’insuffisance des indemnisations et les retards dans leur versement, le manque de consultation sur le projet de construction et d’autres problèmes liés.

En mai également, le gouvernement a présenté à l’Assemblée nationale une motion visant à réexaminer le projet de loi de 2022 sur la criminalité informatique et la cybersécurité. Des organisations de la société civile et des médias ont demandé le retrait de ce projet de loi dans l’attente de nouvelles consultations. Selon des membres de la société civile, si elle était adoptée en l’état, cette loi risquait de réduire les espaces d’expression civique et politique et la liberté des médias, et certaines de ses dispositions pourraient renforcer les pouvoirs des forces de l’ordre, étouffer la liberté d’expression et limiter l’accès à l’information.

Droit au respect de la vie privée

En mai, pendant que le Premier ministre était à l’étranger, un ministre de son cabinet a signé des mandats autorisant le Service de sécurité nationale (NSS) à saisir et à conserver les téléphones mobiles et d’autres sources d’informations appartenant à Machesetsa Mofomobe et Moeketsi Shale. Le NSS a accusé ces deux membres de l’opposition d’être impliqués dans le meurtre du célèbre journaliste radio Ralikonelo Joki. À la suite de ces événements, la Haute Cour a déclaré inconstitutionnel l’article 26 de la Loi relative à la sécurité nationale, qui permettait au pouvoir exécutif de délivrer ce type de mandats.

Droits des personnes détenues

La mort de Ntabejane Kanono a été signalée le 20 mai à la prison de haute sécurité de Maseru. Selon les rapports préliminaires d’autopsie, cet ancien soldat pourrait être décédé des suites d’un empoisonnement. Il avait été déclaré coupable de fraude par la Cour martiale après avoir, avec d’autres soldats, engagé des poursuites contre le chef des armées afin d’obtenir réparation pour les tortures et les arrestations arbitraires qu’ils auraient subies en 2015. À la suite de cette plainte, l’armée les avait accusés de mutinerie.

Le 29 juillet, un homme de 60 ans, Mahloko Mohlori, est mort en garde à vue au poste de police de Thaba-Tseka, après avoir été arrêté pour une infraction routière. L’autopsie réalisée par les autorités a fait état d’un possible empoisonnement, tandis que le médecin de la famille a confirmé dans son rapport que l’homme était mort d’insuffisance respiratoire.

Torture et autres mauvais traitements

En décembre, à la prison de haute sécurité de Maseru, des agents pénitentiaires ont violemment agressé au moins 10 détenus (dont neuf étaient des soldats). L’un d’entre eux, le civil Tlotliso Bereng, a subi de graves lésions de la colonne vertébrale et a dû être transféré en Afrique du Sud pour être soigné.

Droits des femmes

Le Comité des droits de l’homme a conclu que l’application du droit coutumier donnait lieu à des discriminations à l’égard des femmes, en particulier en matière de succession, de mariage, de nationalité et d’accès à la terre et à la chefferie.

Droit au travail

Afin de lutter contre la criminalité violente, le chef de la police a imposé un couvre-feu national entre 22 heures et 4 heures du matin du 16 au 26 mai. Cette mesure a été déclenchée par le meurtre de Ralikonelo Joki (voir Droit au respect de la vie privée). Des représentant·e·s du barreau et du secteur du commerce ont critiqué ce couvre-feu pour ses effets négatifs sur les activités commerciales nocturnes, comme celles des boîtes de nuit, des restaurants, des bars, des vendeurs et vendeuses de rue et des colporteurs et colporteuses, qui avaient déjà souffert des conséquences économiques de la pandémie de COVID-19.