Lesotho 2024
Une enquête du Bureau de la défenseure des droits a conclu que des détenus avaient été torturés par des agents pénitentiaires. Des journalistes ont subi des actes d’intimidation et de harcèlement, ce qui les a conduits à se censurer. Le droit à un procès équitable n’était pas toujours respecté. Il était difficile pour les victimes de violences liées au genre d’obtenir justice. Une experte des Nations unies s’est inquiétée de la discrimination à l’égard des personnes atteintes d’albinisme. La construction du barrage de Polihali a restreint l’accès des populations locales à l’eau et causé d’importants problèmes environnementaux.
Torture et autres mauvais traitements
De nombreuses accusations de torture et d’autres mauvais traitements infligés à des prisonniers ont été portées, en particulier contre les Services correctionnels du Lesotho (LCS). Selon un rapport du Bureau de la défenseure des droits publié en mars, au moins 300 détenus de la prison centrale de Maseru ont subi de tels traitements aux mains d’agents pénitentiaires des LCS. Le gouvernement a diligenté une enquête sur ces allégations, mais aucune information sur son avancement n’était disponible à la fin de l’année.
Liberté d’expression
Le projet de loi de 2024 sur la criminalité informatique et la cybersécurité, qui comportait des dispositions érigeant certaines formes d’expression en ligne en infractions passibles de lourdes amendes, était en cours d’examen par l’Assemblée nationale à la fin de l’année. Les médias craignaient que cette loi ne permette davantage de surveillance et d’intimidation de la part du gouvernement.
L’assassinat par des hommes armés non identifiés, en mai 2023, du journaliste Ralikonelo Joki, connu pour son franc-parler, a poussé de nombreux journalistes à se censurer. En avril, des journalistes du Lesotho Tribune ont été à plusieurs reprises la cible de menaces et de harcèlement par des individus non identifiés qui tentaient, semble-t-il, de les réduire au silence et de les décourager de mener leur travail d’investigation. D’autres professionnel·le·s des médias ont été confrontés à des attaques similaires.
Droit à un procès équitable
Les juges et les avocat·e·s faisaient de plus en plus souvent l’objet de manœuvres d’intimidation, notamment de menaces et d’autres formes de pression, en particulier de la part de l’armée et d’autres acteurs étatiques. Selon certaines sources, le harcèlement était utilisé pour influencer les procédures judiciaires et obtenir des jugements favorables aux intérêts du gouvernement ou de l’armée.
Violences fondées sur le genre
Selon la Millennium Challenge Corporation, plus de 86 % des femmes et des filles avaient subi au moins une fois dans leur vie des violences liées au genre. Cependant, de nombreuses victimes ne signalaient pas ces actes, par peur des conséquences sociales ou car elles avaient l’impression que cela ne servirait à rien. La loi contenait des dispositions visant à protéger la population de ces violences, mais elles étaient peu appliquées et les autorités amenaient rarement les responsables à rendre des comptes. Les victimes se heurtaient également à d’importants obstacles pour accéder à la justice, notamment de très longues procédures judiciaires et des défaillances des services d’aide.
Discrimination
En avril, après une visite au Lesotho, l’experte indépendante des Nations unies sur l’exercice des droits de l’homme par les personnes atteintes d’albinisme a déclaré que cette minorité était confrontée à la discrimination, notamment à un manque d’accès aux soins de santé et à l’éducation.
Droits économiques, sociaux et culturels
D’après le rapport de la Banque mondiale sur les variables macroéconomiques et la pauvreté dans les pays en développement (Macro Poverty Outlook), près de 50 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté. Ce chiffre atteignait 61 % dans les zones rurales. La construction du barrage de Polihali (voir Droit à un environnement sain), dans le district de Mokhotlong, a entraîné le détournement de sources d’approvisionnement en eau utilisées par la population locale, principalement vers l’Afrique du Sud. Cette initiative a causé une augmentation du taux de pauvreté dans le secteur et menacé le droit des habitant·e·s à des moyens de subsistance.
Selon l’UNICEF, les infrastructures éducatives manquaient de moyens. Par exemple, seules 93 des plus de 1 700 écoles répertoriées disposaient d’une connexion à Internet.
Droit à un environnement sain
La construction du barrage de Polihali a provoqué de graves problèmes environnementaux et nui aux écosystèmes. En juillet, le Centre juridique Seinoli s’est inquiété du manque de volonté du gouvernement de respecter des droits socioéconomiques des populations concernées et de veiller à ce qu’elles reçoivent une indemnisation équitable.