Sri Lanka. Le rédacteur en chef d’un journal abattu par balles

Lasantha Wickramatunga, rédacteur en chef du journal Sunday Leader, a été abattu par balles jeudi matin 8 janvier par des hommes armés non identifiés alors qu’il circulait à Mount Lavinia, dans la banlieue de Colombo. Lasantha Wickramatunga a été transporté en urgence à l’hôpital de Kalubowila où il est décédé.

Amnesty International demande instamment au gouvernement du Sri Lanka de condamner publiquement cette agression ainsi que les autres attaques ayant visé des médias et d’ouvrir une enquête indépendante. À ce jour, Amnesty International n’a pas eu connaissance d’enquêtes ayant mené à des arrestations et à la poursuite en justice d’auteurs présumés d’assassinats de journalistes et autres personnes travaillant dans la presse. L’absence d’enquêtes approfondies sur des homicides illégaux signifie que ce type d’attaque peut se poursuivre en toute impunité.

Le Sunday Leader a publié un certain nombre d’articles dénonçant l’ingérence politique et la corruption dans plusieurs affaires de privatisation. Les journalistes du Sunday Leader ont également attiré l’attention sur les atteintes aux droits humains perpétrées sur fond d’intensification des combats.

Ce n’est pas la première fois que le rédacteur en chef du Sunday Leader et son équipe sont attaqués. En 2007, l’imprimerie du groupe de presse Leader Publications a été attaquée par dix hommes armés qui ont menacé les employés et mis le feu au matériel et au numéro du journal qui venait d’être imprimé. En 2006, Lasantha Wickramatunga avait été menacé d’arrestation au titre de la législation anti-terrorisme pour un article critiquant le président.

L’attaque contre Lasantha Wickramatunga intervient deux jours après la mise à sac des studios de la chaîne de télévision privée MVC/MTV à Colombo par un groupe d’assaillants qui ont lancé des grenades et causé d’importants dégâts matériels.

Les journalistes craignent de plus en plus d’exprimer des points de vue différents au Sri Lanka. Des informations de plus en plus nombreuses parviennent à Amnesty International concernant des menaces de mort reçues par des journalistes indépendants.

La question du respect des droits humains à travers le monde est très souvent liée à l’impartialité et à la rigueur du travail effectué par les médias. Lorsque des violations des droits humains ne sont pas dénoncées et que l’opinion publique n’est pas vigilante, les atteintes aux libertés fondamentales peuvent se multiplier dans le secret et la dénégation. Le climat d’impunité dont bénéficient les auteurs d’attaques contre les médias a rendu impossible l’obtention d’une image claire et impartiale de ce qui est en train de se passer.

Complément d’information Au moins 14 personnes travaillant dans la presse ont été victimes d’homicides illégaux au Sri Lanka depuis le début de l’année 2006. D’autres ont été arbitrairement arrêtées, torturées ou auraient « disparu » lors de leur détention aux mains des forces de sécurité. Plus d’une vingtaine de journalistes ont quitté le pays après avoir reçu des menaces de mort.