Alors que quatre mois se sont écoulés depuis que l’État a lancé, en septembre 2024, une campagne de détention arbitraire massive touchant des milliers de personnes dans la région Amhara, en Éthiopie, Tigere Chagutah, directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe, a déclaré :
« Le silence de la communauté internationale face à la détention massive et arbitraire de milliers de personnes dans la région Amhara est plus que honteux. Les partenaires de l’Éthiopie en matière de développement, ainsi que les organismes africains et internationaux de défense des droits humains, doivent user de leur influence pour réclamer publiquement la libération de toutes les personnes placées en détention arbitraire. Le monde ne doit plus fermer les yeux sur la crise des droits humains qui frappe l’Éthiopie, tandis que le gouvernement éthiopien continue de piétiner l’état de droit.
« Enfermer des milliers de citoyen·ne·s pendant des mois sans inculpation ni procès constitue une parodie de justice et une violation flagrante des droits fondamentaux. Ils se retrouvent derrière les barreaux sans aucun motif légal, tandis que les arrestations arbitraires se poursuivent dans la région Amhara. Les autorités éthiopiennes doivent libérer sans délai toutes les victimes de détentions arbitraires ou les inculper d’infractions reconnues par le droit international.
« Il est crucial que la communauté internationale fasse pression sur l’Éthiopie, car les autorités continuent de réprimer l’espace civique et ont notamment suspendu quatre organisations de défense des droits humains de premier plan, dont l’une était en activité depuis 32 ans. »
Complément d’information
Le 28 septembre 2024, l’armée éthiopienne et les forces de sécurité de la région Amhara ont procédé à des milliers d’arrestations arbitraires à travers la région Amhara et ont transféré les détenu·e·s dans quatre centres. Des membres du personnel judiciaire, y compris des juges, ainsi que des procureurs et des universitaires figuraient parmi les personnes visées.
Ces arrestations interviennent dans le contexte des combats qui font rage entre l’armée éthiopienne et les groupes armés Amharas.
Quatre membres du personnel judiciaire ont été libérés en octobre 2024. En janvier 2025, des centaines de prisonniers ont été remis en liberté, dont trois juges, des femmes, des personnes âgées et des malades souffrant de problèmes de santé chroniques. Des milliers d’autres sont maintenus en détention arbitraire.