Amnesty International appelle le groupe armé baptisé Mouvement du 23 Mars (M23) à cesser de s’en prendre à la population alors que des dizaines de civil·e·s ont été victimes d’homicides illégaux dans des localités de l’est du pays ces derniers jours, dans le cadre d’attaques menées sans discrimination, voire d’exécutions sommaires.
Parmi les victimes des attaques menées entre le 28 novembre et le 1er décembre notamment dans les localités de Bambo et Kishishe et alentour, figurent des personnes âgées et des enfants.
Flavia Mwangovya, directrice adjointe pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et la région des Grands Lacs à Amnesty International, a déclaré : « Le groupe d’insurgés M23 doit immédiatement mettre un terme aux attaques menées de manière délibérée et sans discernement contre la population civile. Nous exhortons toutes les forces présentes dans la région, notamment l’armée congolaise et la Force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est, à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la population civile, tout en respectant le droit international humanitaire.
Le groupe d’insurgés M23 doit immédiatement mettre un terme aux attaques menées de manière délibérée et sans discernement contre la population civile
Flavia Mwangovya, directrice adjointe pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et la région des Grands Lacs à Amnesty International
« Même si le M23 a pu supposer que certains des civils capturés étaient des combattants d’un autre groupe armé, il aurait dû les traiter avec humanité comme des prisonniers. Il n’aurait jamais dû les tuer. L’assassinat délibéré de prisonniers – qu’il s’agisse de civils ou de combattants – est un crime de guerre. Les attaques aveugles qui tuent ou blessent des civil·e·s sont également des crimes de guerre. Ces meurtres et autres violations des droits humains doivent faire l’objet d’enquêtes, en vue d’amener les responsables de ces actes à rendre des comptes. Les parties à ce conflit doivent adhérer au droit international humanitaire et faire passer un message clair à ceux qui sont sous leur commandement : les crimes de guerre et les atteintes aux droits humains ne seront pas tolérés.
« Toutes les forces sont tenues de protéger les civil·e·s dans ce conflit. Elles doivent prendre le maximum de précautions pour garantir que leurs actes ne leur causeront pas de préjudices supplémentaires, notamment en évitant, dans toute la mesure du possible, de déployer des forces ou des équipements militaires dans des zones à forte densité de population. »
Toutes les forces sont tenues de protéger les civil·e·s dans ce conflit
Flavia Mwangovya
Complément d’information
Le groupe d’insurgés M23 est né d’éléments au sein de l’armée congolaise en 2012, qui revendiquaient de défendre les droits du groupe ethnique tutsi congolais.
En novembre 2013, le M23 a été battu par l’armée congolaise et la Brigade d’intervention de la Force de l’ONU et ses membres ont fui vers le Rwanda et l’Ouganda. En novembre 2021, le M23 a repris ses opérations dans la province du Nord-Kivu, avec le soutien de l’armée rwandaise, selon un rapport du Groupe d’experts de l’ONU qui a fuité en juin 2022. Après une trêve, les combats ont repris en octobre entre l’armée congolaise et le M23, les insurgés parvenant à s’emparer de la plus grande partie de la région de Rutshuru dans le Nord-Kivu.
Bien que les combats entre l’armée congolaise et le M23 aient baissé d’intensité au cours des deux dernières semaines, des affrontements sont régulièrement signalés entre le M23 et d’autres groupes armés, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
Les pourparlers entre le gouvernement de la RDC et les groupes armés congolais, connus sous le nom de processus de Nairobi et menés sous les auspices de la Communauté d’Afrique de l’Est, ont repris cette semaine dans la capitale kenyane Nairobi. Le M23 n’a pas été convié, les autorités congolaises ayant posé comme condition préalable le retrait du groupe de toutes les zones qu’il occupe depuis novembre 2021.
La recrudescence des activités du groupe M23 a de terribles répercussions sur la population civile : des dizaines de morts et plus de 200 000 personnes déplacées depuis le mois d’octobre.