La condamnation, lundi 6 septembre, de Maria Kolesnikova, figure des manifestations pacifiques de 2020 au Bélarus, et de son proche allié, l’avocat Maksim Znak, respectivement à 11 et 10 années de prison, est une catastrophe pour la liberté d’expression dans ce pays, a déclaré Bruce Millar, directeur adjoint pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale à Amnesty International.
« Le procès et la condamnation de Maria Kolesnikova et de Maksim Znak visent à anéantir les espoirs des millions de gens au nom de qui ils se sont exprimés – une génération de Bélarussien·ne·s qui aspirent au changement et au respect des droits humains. Ces deux personnes courageuses vont maintenant passer une bonne partie de leur vie en prison pour avoir résisté à Alexandre Loukachenko et aux forces répressives de son gouvernement.
Le procès et la condamnation de Maria Kolesnikova et de Maksim Znak visent à anéantir les espoirs des millions de gens au nom de qui ils se sont exprimés – une génération de Bélarussien·ne·s qui aspirent au changement et au respect des droits humains.
Bruce Millar, directeur adjoint pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale à Amnesty International
« Personne n’oubliera le courage de Maria, qui a décidé de rester au Bélarus malgré la menace d’une longue peine d’emprisonnement. Cette menace se concrétise aujourd’hui. Sa foi inébranlable en la liberté d’expression et la dignité humaine est un phare dans la nuit pour des personnes partout dans le monde. Ce que symbolisent et représentent Maria et Maksim durera plus longtemps que tout ce que les autorités peuvent leur infliger.
« Cette injustice doit toutefois être annulée. Nous demandons la libération immédiate de Maria Kolesnikova, de Maksim Znak et des centaines d’autres personnes détenues au Bélarus uniquement pour avoir exercé leurs droits humains. La communauté internationale doit faire tout son possible pour inciter le gouvernement d’Alexandre Loukachenko à cesser sa répression barbare de la société civile et de la contestation au Bélarus. »
La communauté internationale doit faire tout son possible pour inciter le gouvernement d’Alexandre Loukachenko à cesser sa répression barbare de la société civile et de la contestation au Bélarus.
Bruce Millar, directeur adjoint pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale à Amnesty International
Complément d’information
Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue au Bélarus pour protester contre les résultats de l’élection présidentielle largement contestée du 9 août 2020. Le président sortant, Alexandre Loukachenko, a revendiqué une victoire écrasante, tandis que Svetlana Tsikhanovskaïa – désormais en exil – a été plébiscitée par les électeurs contestataires. Maria Kolesnikova était sa plus proche alliée pendant la campagne électorale et s’est retrouvée de manière informelle à la tête des manifestations pacifiques qui ont suivi.
Maria Kolesnikova a été enlevée à Minsk le 7 septembre 2020 par des hommes en civil, qui l’ont conduite à la frontière ukrainienne et lui ont ordonné de quitter le pays. Elle a refusé d’obtempérer et a déchiré son passeport en signe de défiance. Les autorités bélarussiennes ont réagi en engageant des poursuites montées de toutes pièces contre elle et Maksim Znak, qui a été arrêté deux jours plus tard.
Le 6 septembre 2021, le tribunal régional de Minsk a condamné respectivement à 11 et 10 ans de prison Maria Kolesnikova et Maksim Znak, membres du Conseil de coordination de l’opposition ayant travaillé avec Viktor Babaryko, candidat de l’opposition emprisonné avant eux. Leur procès expéditif, qui a débuté le 4 août, s’est déroulé à huis clos. Tous les débats et les pièces de la procédure ont été classés secrets. Toutes les personnes participant au procès, y compris les avocat·e·s, ont dû signer un accord de confidentialité. De toute évidence, ni Maria Kolesnikova ni Maksim Znak n’ont commis la moindre infraction reconnue par la loi et tous deux ont toujours clamé leur innocence. Maria Kolesnikova et Maksim Znak ont été reconnus coupables de « complot visant à s’emparer du pouvoir par des moyens anticonstitutionnels » (article 357-1 du Code pénal), de « création et direction d’une formation extrémiste » (article 361-1) et d’« appels à des actions portant atteinte à la sécurité nationale » (article 361-3) à l’aide de médias de masse et d’Internet.