Bangladesh. Rozina Islam ne doit pas être punie pour avoir fait son travail de journaliste

En réaction à l’arrestation de la journaliste bangladaise Rozina Islam, accusée de vol de documents officiels confidentiels et d’espionnage, Saad Hammadi, chargé de campagne pour l’Asie du Sud à Amnesty International, a déclaré :

« Les poursuites engagées contre Rozina Islam au titre de la Loi relative aux secrets d’État constituent une attaque éhontée contre le droit à la liberté d’expression et la capacité de la société bangladaise de rechercher et d’obtenir des informations. Celles concernant l’approvisionnement du gouvernement en vaccins contre le COVID-19 sont dans l’intérêt du public et ne doivent pas être cachées sous couvert de sécurité nationale.

« L’action des autorités sanitaires pendant la pandémie a un intérêt crucial pour la population. Ces derniers mois, Rozina Islam a révélé des irrégularités dans le secteur sanitaire au Bangladesh pendant la pandémie de COVID-19. Son arrestation montre une tendance croissante à la répression de la liberté d’expression au moyen de lois draconiennes utilisées pour faire taire les voix critiques et dissonantes.

« Les circonstances de l’arrestation de Rozina Islam et l’incapacité des autorités à fournir des éléments concrets prouvant qu’elle a commis une infraction prévue par la loi semblent confirmer encore davantage qu’elle est prise pour cible en raison de son traitement critique de l’information. En l’absence de preuves, les autorités doivent la libérer immédiatement. »

Complément d’information

Le 17 mai, les autorités bangladaises ont arrêté Rozina Islam, journaliste pour l’un des principaux quotidiens du pays, Prothom Alo, et l’ont détenue au secret dans les locaux du ministère de la Santé pendant cinq heures. Un secrétaire adjoint du ministère de la Santé l’a ensuite accusée d’avoir volé des documents officiels confidentiels au ministère. Elle a été inculpée au titre de la Loi de 1923 relative aux secrets d’État, datant de l’époque coloniale, ainsi que du Code pénal du Bangladesh.

Le rédacteur en chef de Prothom Alo, Sajjad Sharif, a indiqué à Amnesty International que Rozina Islam avait rédigé plusieurs articles de fond critiquant la gestion de la pandémie de COVID-19 par les autorités sanitaires. Le quotidien pense que les poursuites engagées contre elle résultent du mécontentement du ministère à son égard.

Amnesty International a déjà exprimé son inquiétude face à la répression croissante du droit à la liberté d’expression au Bangladesh. L’organisation a appelé les autorités à abandonner les charges retenues contre toutes les personnes inculpées ou détenues uniquement pour avoir exercé ce droit et à abroger ou modifier les lois qui ne sont pas conformes aux obligations du pays en matière de droits humains.