Guatemala: Amnesty International demands investigation into excessive use of force in protests

L’analyse des images des manifestations du 21 novembre montre que la Police nationale civile (PNC) a utilisé une force excessive contre les manifestant·e·s et des passant·e·s. Amnesty International demande donc aux autorités du Guatemala d’enquêter de façon exhaustive sur les violations des droits humains perpétrées dans le contexte des mouvements de protestation qui ont récemment eu lieu dans le pays.

« La répression politique des manifestations du 21 novembre a été d’une terrible gravité. Amnesty International estime que les autorités guatémaltèques ont de toute évidence violé les normes internationales sur le recours à la force, et porté atteinte au droit de la population à la liberté d’expression et de réunion pacifique, a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International.

« Nous demandons au ministère public qu’une enquête exhaustive et indépendante soit menée dans les meilleurs délais sur l’utilisation de la force par la police pendant les manifestations, et au gouvernement de veiller à ce que la population puisse exercer son droit de faire entendre sa voix sans crainte de représailles. »

En fin de semaine, plusieurs milliers de personnes sont descendues dans la rue dans la capitale et dans d’autres villes du pays pour protester contre l’adoption par le Congrès du budget national pour 2021, qui a été présenté par le gouvernement du président Alejandro Giammattei de façon opaque, ce qui n’a pas permis un large débat, et qui, entre autres motifs de préoccupation, comprend une réduction substantielle des dépenses publiques allouées à des programmes sociaux qui permettent de répondre aux besoins de la population, notamment en ce qui concerne la dénutrition chronique et le fonctionnement du parquet des droits humains.

Amnesty International estime que les autorités guatémaltèques ont de toute évidence violé les normes internationales sur le recours à la force, et porté atteinte au droit de la population à la liberté d'expression et de réunion pacifique.

Erika Guevara Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International

Face aux quelques démonstrations de violence qui ont eu lieu pendant les manifestations, largement pacifiques pour la plupart, la PNC a utilisé de façon inutile et sans discernement des gaz lacrymogènes et des lances à eau contre des personnes qui s’étaient réunies de façon pacifique ou qui marchaient dans la rue. Au moins 43 arrestations ont été enregistrées. Les images qu’Amnesty International a examinées montrent des actes de violence commis par la police, notamment des coups portés contre des personnes en état d’arrestation et des journalistes. L’hôpital Roosevelt a par ailleurs signalé avoir prodigué des soins à deux personnes ayant subi des lésions oculaires causées par des grenades de gaz lacrymogènes.

Les dispositifs qui ont des effets indiscriminés et qui risquent fortement de causer des préjudices, comme les gaz lacrymogènes et les canons à eau, ne doivent pas être utilisés en cas de rassemblements publics pacifiques ou majoritairement pacifiques. Aux termes des normes internationales relatives à l’usage de la force, ils ne peuvent être utilisés que lorsque cela est strictement nécessaire et toujours après avoir lancé des avertissements clairs, dans les situations de violence généralisée afin de disperser une foule quand tous les autres moyens n’ont pas permis de contenir la violence.

Amnesty International rappelle que les actes de violence commis par quelques personnes ne suppriment pas le caractère pacifique d’une manifestation, et que la police doit agir dans le respect des conditions de légalité, de nécessité et de proportionnalité.

« Le gouvernement du président Alejandro Giammattei doit veiller à ce que les personnes puissent exercer leurs droits à la liberté d’expression et à la liberté de réunion pacifique. Il doit donc mettre fin à l’utilisation qui est faite des forces de sécurité pour réprimer la population, et s’abstenir d’utiliser un langage qui stigmatise et qui criminalise les personnes qui véritablement manifestent pour demander aux autorités de rendre des comptes », a déclaré Erika Guevara Rosas.