Venezuela. Le massacre dans le centre de détention de Guanare ne doit pas rester impuni

Réagissant aux informations signalant qu’au moins 46 détenus ont été tués et plus de 70 autres blessés lors de violences qui ont éclaté le 1er mai dans le centre pénitentiaire de Los Llanos (CEPELLA) à Guanare, dans l’État de Portuguesa, Erika Guevara-Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International, a déclaré :

« Ce n’est pas la première fois que des prisonniers, au Venezuela, sont victimes de très graves violations de leur droit à la vie. Les terribles images qui sont diffusées à travers le monde doivent servir à rappeler que les responsables de ces atrocités doivent être déférés à la justice. La réaction meurtrière des autorités doit faire l’objet d’une enquête exhaustive et être analysée afin que ces crimes ne restent pas impunis. »

Selon certaines informations, un membre de la Garde nationale bolivarienne et le directeur du centre pénitentiaire font partie des blessés. Les autorités placées sous l’autorité de Nicolás Maduro ont essayé de justifier l’utilisation de la violence contre les détenus en expliquant qu’ils avaient tenté de s’évader.

Or, selon l’Observatoire vénézuélien des prisons (OVP), la révolte des détenus aurait été provoquée par des restrictions empêchant les proches des détenus de leur apporter de la nourriture. D’après l’OVP, les détenus n’avaient pas reçu de nourriture de la part de leurs proches depuis plusieurs jours en raison de ces restrictions qui ont été mises en place en raison de la pandémie de COVID-19.

La réaction meurtrière des autorités doit faire l’objet d’une enquête exhaustive et être analysée afin que ces crimes ne restent pas impunis.

Erika Guevara-Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International

La capacité d’accueil du CEPELLA est de 750 places, mais il accueille actuellement plus de 2 500 détenus, selon les chiffres de l’OVP. Outre le problème de la surpopulation, les conditions de détention sont extrêmement précaires, et ce sont les proches des détenus qui doivent leur fournir de la nourriture, des médicaments et les biens de première nécessité. Cet arrangement a été soumis à des restrictions dès le début de l’état d’urgence décrété par Nicolás Maduro le 13 mars pour faire face à la pandémie.

Le bureau de la procureure de la Cour pénale internationale procède actuellement à un examen préliminaire afin de savoir si des crimes contre l’humanité ont été commis au Venezuela sous le gouvernement de Nicolás Maduro. De plus, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a chargé une mission d’établissement des faits d’établir les responsabilités individuelles pour la commission de graves violations des droits humains.