Russie. La police doit libérer les manifestants pacifiques arrêtés dans le cadre d’une violente répression

Après le recours excessif à la force par la police moscovite lors du rassemblement largement pacifique qui s’est tenu samedi 27 juillet 2019 pour réclamer des élections libres, Amnesty International a demandé la libération immédiate des responsables de l’opposition et des manifestant·e·s pacifiques qui ont été arrêtés.

« Les autorités russes sont allées plus loin que jamais en imposant des mesures de sécurité relevant de la loi martiale contre ce rassemblement non autorisé, bloquant l’accès aux principales rues de Moscou et faisant fermer les commerces avant même le début de la manifestation, malgré l’absence d’informations crédibles sur un quelconque risque de violence. L’accès à Internet n’a fonctionné que par intermittence dans le centre-ville tout au long de la journée. Les efforts pour réduire au silence les voix de l’opposition ont confiné à l’absurdité lorsque les leaders de la manifestation ont été arrêtés de manière préventive alors qu’ils sortaient de chez eux pour se rendre à la manifestation », a déclaré Natalia Zviaguina, directrice du bureau d’Amnesty International en Russie.

Les autorités russes sont allées plus loin que jamais en imposant des mesures de sécurité relevant de la loi martiale contre ce rassemblement non autorisé, bloquant l'accès aux principales rues de Moscou et faisant fermer les commerces.

Natalia Zviaguina, directrice du bureau d'Amnesty International en Russie

« À l’exception de quelques épisodes de violence isolés de la part d’une poignée de manifestants, la manifestation de Moscou a été très largement pacifique, les participants scandant même : “Ceci est un rassemblement non violent”. À plusieurs reprises, des représentant·e·s d’Amnesty International ont assisté à des scènes de violence aveugle de la part de policiers, qui ont frappé des manifestant·e·s à coups de matraque et les ont poussés à terre. Dans un cas particulièrement choquant, des policiers ont arrêté un joggeur qui passait en courant près de l’hôtel de ville de Moscou plusieurs heures avant le début de la manifestation ; les médias ont par la suite indiqué qu’il avait eu la jambe fracturée.

À plusieurs reprises, des représentant·e·s d'Amnesty International ont assisté à des scènes de violence aveugle de la part de policiers, qui ont frappé des manifestant·e·s à coups de matraque et les ont poussés à terre.

Natala Zviagina

« Nous demandons aux autorités russes d’ouvrir immédiatement des enquêtes exhaustives et efficaces sur ces violences policières et de veiller à ce que les victimes obtiennent réparation devant les tribunaux compétents. Tous les manifestant·e·s pacifiques qui ont été arrêtés doivent être immédiatement libérés ; nul ne doit être emprisonné pour avoir simplement exercé ses droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique. »

Complément d’information

Le 27 juillet 2019, plus de 770 personnes ont été arrêtées durant des rassemblements de protestation interdits par les autorités moscovites, avec une multiplication des arrestations à partir de 20 heures (heure de Moscou). Des milliers de personnes étaient descendues dans la rue pour exiger l’enregistrement des candidatures des membres de l’opposition qui s’étaient vu interdire de se présenter aux élections municipales.

La plupart des candidat·e·s qui avaient appelé à manifester ont été arrêtés de manière préventive, notamment Ilya Yachine, président du conseil d’arrondissement de Krasnosselski, à Moscou (arrêté la nuit précédente après un interrogatoire et une perquisition à son domicile), Dimitri Goudkov, ancien député de la Douma d’État (arrêté alors qu’il se rendait à Moscou en voiture depuis sa résidence secondaire à la campagne), et la conseillère municipale Youlia Galiamina, arrêtée alors qu’elle sortait du domicile d’une connaissance chez qui elle s’était cachée.