Afghanistan. Amnesty International dévoile une fresque murale à Kaboul en hommage aux défenseurs des droits humains

Les défenseurs des droits humains en Afghanistan, confrontés depuis des années aux attaques et autres violations des droits humains, doivent être reconnus et protégés efficacement, a déclaré Amnesty International le 25 septembre 2018, à l’occasion de l’inauguration d’une fresque murale qui rend hommage à la mémoire de tous les courageux défenseurs des droits humains assassinés à travers le pays.

Journalistes, étudiants, avocats, militants, syndicalistes et défenseurs des droits humains sont en butte à l’intimidation, au harcèlement, aux menaces, aux attaques, voire aux assassinats, parce qu’ils font leur travail légitime en défendant les droits d’autrui. Les autorités afghanes doivent faire davantage pour assurer leur sécurité.

« Les défenseurs des droits humains en Afghanistan font preuve d’un grand courage en dépit du contexte très difficile dans lequel ils évoluent. Face aux lourdes menaces qui pèsent sur leur vie et leur bien-être, ils continuent de dénoncer l’injustice et de se mobiliser pour les droits d’autrui. Il est temps que les autorités afghanes et la communauté internationale défendent elles aussi leurs droits, a déclaré Samira Hamidi, chargée de campagne sur l’Asie du Sud à Amnesty International.

« Elles doivent condamner publiquement les menaces auxquelles ils sont confrontés et adopter une loi qui reconnaisse et protège leur travail, y compris leurs droits à la liberté de réunion pacifique et d’association. Ce sont les premiers pas vers la création d’un environnement sûr et porteur où ils pourront agir librement et sans peur. »

Dans le cadre de sa campagne internationale Osons le courage, Amnesty International – en collaboration avec le collectif artistique afghan Artlords – a dévoilé au cœur de Kaboul une peinture murale dédiée à la mémoire de Shah Marai, photographe légendaire de l’Agence France Presse (AFP) qui a perdu la vie le 30 avril avec neuf journalistes alors qu’ils couvraient les suites tragiques d’un attentat. Il s’agit de l’attentat le plus meurtrier pour les journalistes en Afghanistan.

Pendant plus de 20 ans, Shah Marai avait su capturer avec force le conflit afghan. Lorsque l’attention du monde s’est détournée de l’Afghanistan, Shah Marai et des journalistes afghans ont continué de raconter l’histoire des personnes victimes de la violence, à une période où le nombre de victimes civiles – nombre de civils tués ou blessés lors d’attaques – atteint des records.

L’Afghanistan compte parmi les endroits les plus dangereux de la planète pour les journalistes. Au mois de septembre, deux journalistes de TOLO News ont perdu la vie alors qu’ils réalisaient un reportage en direct depuis le site d’un attentat dans un quartier chiite à Kaboul. Depuis 10 ans, au moins 34 journalistes, afghans et étrangers, ont été tués dans le cadre de leur travail. D’autres ont été grièvement blessés. Pour la seule année 2018, 12 journalistes ont été tués, ce qui en fait l’année la plus meurtrière pour les médias en Afghanistan.

« La campagne Osons le courage est la première d’une série d’actions que mènera Amnesty International pour mettre en évidence le travail des défenseurs des droits humains en Afghanistan – et particulièrement celui des défenseures. Elle braquera aussi les projecteurs sur le travail des militants, des enseignants, des avocats, des étudiants, des syndicalistes et d’autres défenseurs des droits humains. Nous continuerons d’inciter les autorités afghanes à créer un environnement sûr et favorable dans lequel les défenseurs des droits humains pourront mener leurs activités sans crainte de représailles », a déclaré Samira Hamidi.

Complément d’information

En 2016, lors d’une conférence organisée par la Commission indépendante des droits de l’homme en Afghanistan, le président Ashraf Ghani a promis de protéger les droits des défenseurs des droits humains. Il a déclaré : « La protection des défenseurs est sous l’entière responsabilité de mon gouvernement, et de ses branches législative et judiciaire. »

De même, en 2015, l’Union européenne et plusieurs missions diplomatiques (les pays de l’UE plus le Canada, la Norvège et la Suisse) ont élaboré une stratégie de soutien aux défenseurs des droits en Afghanistan, articulée autour d’un mécanisme de protection.

La fresque murale dépeint Shah Marai, son appareil photo à la main, avec un groupe de défenseurs afghans des droits humains, debout derrière une banderole.

Cette fresque est intitulée Shuja, terme qui signifie « courageux » en dari. Sur la banderole on peut lire : « Nous ne vous oublierons pas. Vous vous êtes battus pour la justice, pour l’égalité et pour nous. »