Bangladesh. Les autorités incapables d’endiguer la vague d’assassinats : un rédacteur LGBTI est tué à coups de machette

« L’assassinat lundi 25 avril du rédacteur en chef d’un magazine de la communauté des lesbiennes, gays et personnes bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) et de son ami, quelques jours après le meurtre à la machette d’un professeur d’université, souligne le fait que des militants pacifiques ne bénéficient d’aucune protection dans le pays, a déclaré Champa Patel, directrice pour l’Asie du Sud à Amnesty International.

« Au cours du mois d’avril, on a recensé quatre assassinats de ce type. Il est choquant que personne n’ait été amené à rendre des comptes pour ces actes terribles et que quasiment aucune protection ne soit accordée aux membres menacés de la société civile. Les autorités bangladaises sont légalement tenues de protéger et de respecter le droit à la vie. Elles doivent mobiliser leur énergie pour protéger ceux qui expriment leurs opinions, courageusement et sans violence, et traduire les meurtriers en justice. Elles doivent condamner fermement ces agissements, ce qu’elles n’ont toujours pas fait. »

L'assassinat lundi 25 avril du rédacteur en chef d'un magazine de la communauté des lesbiennes, gays et personnes bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) et de son ami, quelques jours après le meurtre à la machette d'un professeur d'université, souligne le fait que des militants pacifiques ne bénéficient d'aucune protection dans le pays.

Champa Patel, directrice pour l'Asie du Sud à Amnesty International

Les relations homosexuelles sont érigées en infraction au titre du Code pénal bangladais. Amnesty International a interrogé des militants LGBTI exilés qui ont déclaré que lorsqu’ils ont voulu signaler à la police les menaces dont ils faisaient l’objet, les policiers les ont avertis qu’ils pourraient être poursuivis pour « crime contre nature ».

« Tandis que les autorités bangladaises s’abstiennent de traduire ces groupes violents en justice, les assaillants ont élargi leur éventail de cibles pour inclure un professeur d’université et des militants LGBTI, a déclaré Champa Patel.

« La police bangladaise doit assurer la protection des membres de la communauté LGBTI du pays, et non les harceler ou les menacer d’arrestation, comme elle le fait. »

Complément d’information

Depuis le début du mois, quatre militants et leurs associés ont été assassinés au Bangladesh. Le 7 avril, quatre hommes masqués ont attaqué à la machette Nazimuddin Samad, 28 ans, avant de l’abattre d’un coup de feu. Cet étudiant militant avait organisé des campagnes en faveur de la laïcité sur les réseaux sociaux. Son nom figurait sur une « liste noire » de 84 blogueurs publiée par un groupe d’islamistes radicaux en 2013.

Le 23 avril, Rezaul Karim Siddique, 58 ans, professeur d’université très admiré, a été agressé par des hommes armés de machettes alors qu’il se rendait à pied jusqu’à une station de bus, dans la ville de Rajshahi. Des djihadistes membres du groupe armé se désignant sous le nom d’État islamique (EI) ont revendiqué cette attaque.

Le 25 avril, Xulhaz Mannan, 35 ans, rédacteur de Roopbaan, premier magazine de la communauté LGBTI du Bangladesh, et son ami Tanay Mojumdar, ont tous deux été tués à coups de machette par des assaillants qui se sont faits passer pour des coursiers pour pouvoir s’introduire dans l’appartement de Xulhaz Mannan.

Au cours de l’année 2015, cinq blogueurs laïcs bangladais ont été tués à coups de machette.

La première agression de ce type a eu lieu en 2013. Pour les meurtres commis depuis février 2015, absolument personne n’a été amené à rendre des comptes.

Les autorités bangladaises continuent de criminaliser les membres de la communauté LGBTI et, loin de garantir leur sécurité, leur demandent de se montrer « moins provocants ». De nombreux militants LGBTI bangladais ont été contraints à l’exil en raison des menaces dont ils sont la cible.