La Corée du Nord condamne de manière inique deux journalistes américaines à une peine de douze ans de travaux forcés

La Corée du Nord a condamné deux journalistes américaines à une peine de douze ans d’emprisonnement assortie de travaux forcés lundi 8 juin 2009. Le tribunal central de Pyongyang a déclaré Laura Ling et Euna Lee coupables d’un « crime grave » non précisé à l’égard de la nation nord-coréenne. Le système judiciaire de ce pays n’offre pas la possibilité de faire appel.

« Ces deux journalistes étrangères sont en butte aux défaillances et aux lacunes du système judiciaire nord-coréen : impossibilité de consulter un avocat, pas de respect de la procédure, aucune transparence, a déclaré Roseann Rife, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. Le système pénal et judiciaire en Corée du Nord s’apparente bien davantage à un instrument de répression qu’à un outil servant la justice. »

Laura Ling et Euna Lee travaillent toutes deux pour la chaîne télévisée californienne Current TV, basée à San Francisco. Des représentants de l’État nord-coréen les ont arrêtées le 17 mars près du fleuve Tumen, qui marque la frontière entre la Corée du Nord et la Chine.

On ne sait toujours pas précisément si elles avaient traversé la frontière et étaient entrées en Corée du Nord ou si elles se trouvaient en Chine lorsqu’elles ont été interpellées. Elles enquêtaient sur les atteintes aux droits humains dont sont victimes les femmes en Corée du Nord.

Laura Ling et Euna Lee ont été placées en détention séparément et à l’isolement dans une « pension d’État », près de Pyongyang. Après leur arrestation, elles ont bénéficié d’une assistance consulaire limitée et de contacts très restreints avec leurs familles.

Amnesty International a fait valoir que les détenus en Corée du Nord sont contraints d’effectuer des travaux éprouvants physiquement, notamment des travaux à la ferme et dans des carrières, souvent pendant un minimum de dix heures par jour, sans jour de repos.

Selon l’organisation, les gardiens battent les prisonniers qui sont soupçonnés de mentir, ne travaillent pas assez vite ou oublient les règles de leur vie en prison. Ils recourent à diverses formes de châtiment, notamment l’exercice forcé, la position assise sans bouger pendant de longues périodes et les critiques humiliantes en public.

Les prisonniers tombent malades ou meurent en détention, en raison des effets combinés des travaux forcés, du manque de nourriture, des passages à tabac, de l’absence de soins et des conditions de vie insalubres.

« Il semble que le gouvernement nord-coréen se serve de ces deux journalistes comme de pions sur l’échiquier hasardeux de ses relations de plus en plus tendues avec la communauté internationale, a poursuivi Roseann Rife. Leur condamnation a surpris bien des observateurs par sa sévérité et son caractère disproportionné au regard des accusations portées contre elles par le gouvernement de Pyongyang. »