La Corée du Sud ne doit pas recourir à nouveau à la peine de mort

Le gouvernement sud-coréen s’est réuni jeudi pour examiner la possibilité de recourir à nouveau à la peine de mort. Cette réunion s’inscrit dans un contexte de colère au sein de la population à la suite de l’arrestation d’un homme soupçonné du meurtre de sept femmes. Après un moratoire non officiel de dix ans sur les exécutions, la Corée du Sud a rejoint en décembre 2007 les rangs des pays abolitionnistes de fait. Les dernières exécutions ont eu lieu le 31 décembre 1997, date à laquelle 23 personnes ont été mises à mort. Dans une lettre ouverte adressée vendredi au président sud-coréen Lee Myung-bak, la secrétaire générale d’Amnesty International, Irene Khan, demande instamment à ce dernier de ne pas revenir en arrière en reprenant les exécutions. Consciente de l’inquiétude de la population sud-coréenne face aux récents meurtres, Irene Khan a déclaré : « Je tiens à souligner que notre opposition à la peine de mort ne nous empêche aucunement d’avoir de la compassion pour les victimes de crimes violents et pour leurs proches.

« Amnesty International est cependant opposée en toutes circonstances à la peine de mort, qui constitue selon elle le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit, ainsi qu’une violation du droit à la vie. » La réunion de jeudi, à la quelle ont participé des membres du Grand Parti national, le parti au pouvoir, de la police nationale, et des ministères de la Justice et de l’Administration publique et de la Sécurité, s’est penchée sur la question de savoir s’il fallait exécuter les 58 personnes condamnées à mort actuellement emprisonnées, et s’il fallait instituer une peine de réclusion à perpétuité sans possibilité de commutation. Une reprise des exécutions en Corée du Sud irait à l’encontre de la protection universelle des droits humains alors même qu’il existe actuellement au niveau international une nette tendance en faveur de l’abolition de la peine de mort. « Au cours des cinq dernières années, les gouvernements de l’Ouzbékistan, du Rwanda, des Philippines, de la Grèce, de l’Albanie, du Mexique, de la Turquie et du Bhoutan, entre autres, ont supprimé la peine de mort dans leur législation, a indiqué Irene Khan. « Cent trente-huit pays ont maintenant aboli la peine capitale dans leur législation ou dans les faits. Les exécutions sont de plus en plus rares. En 2007, seuls 24 pays ont procédé à des exécutions, et l’on aura un chiffre très semblable pour 2008. « J’exhorte le gouvernement de la Corée du Sud à montrer sa volonté de suivre la tendance internationale en faveur de l’abandon de la peine de mort, et à ne pas reprendre les exécutions. »