Russie et Géorgie : le contexte du conflit

Après des mois de tensions de plus en plus vives et les récentes escarmouches, le ton entre la Géorgie et la région séparatiste d’Ossétie du Sud est monté d’un cran le 8 août 2008 au matin pour se transformer en une confrontation sérieuse, la plus grave depuis la trêve de 1992 qui avait alors mis fin à la guerre civile.

Les troupes géorgiennes ont lancé ce qui apparaît comme une offensive militaire coordonnée contre Tskhinvali, capitale de l’Ossétie du Sud, et le président géorgien Mikheil Saakachvili a insisté sur la nécessité de « restaurer l’ordre constitutionnel » dans la région. S’engageant à « respecter la vie et la dignité des citoyens russes, où qu’ils se trouvent », le président russe Dmitri Medvedev a réagi en envoyant des troupes en renfort de celles qui étaient déjà stationnées en Ossétie du Sud dans le cadre du cessez-le-feu.

Le 9 août, le président Saakachvili a déclaré l’« état de guerre » pour une durée de quinze jours afin de faciliter la mobilisation.

L’Ossétie du Sud
Le peuple d’Ossétie du Sud forme un groupe ethnique distinct. Il parle une langue apparentée au farsi.

L’Ossétie du Sud, qui fait partie de la Géorgie, est séparée de l’Ossétie du Nord, qui se trouve en Russie, par la frontière délimitant ces deux pays dans le paysage très montagneux du Caucase. Une grande partie de la région se situe à plus de 1 000 mètres au-dessus du niveau de la mer.

À l’époque de l’Union soviétique, l’Ossétie du Sud était une province autonome de la Géorgie. Elle a déclaré son indépendance en 1990 et un conflit armé a ensuite opposé les forces locales à celles de la Géorgie en 1991-1992.

Le conflit a pris fin en 1992 avec la signature d’un accord de cessez-le-feu et la mise en place d’une force tripartite de maintien de la paix composée de bataillons russes, ossètes et géorgiens. L’Ossétie du Sud jouit d’une indépendance de fait depuis 1992, même si elle n’est reconnue par aucun État. Néanmoins, une bonne partie de sa population possède un passeport russe. Un tiers des habitants seraient d’origine géorgienne.

Les tensions, qui ont toujours été sous-jacentes, se sont accrues après l’élection du président Saakachvili en 2004. Ce dernier avait promis de restaurer l’intégrité territoriale de la Géorgie en rétablissant le contrôle sur l’Ossétie du Sud et sur l’Abkhazie, autre région non reconnue, située dans le nord-ouest de la Géorgie.

Cette année, les tensions entre la Géorgie et la Russie se sont aussi intensifiées au sujet de l’Abkhazie, où la Russie entretient des soldats de maintien de la paix dans le cadre d’une mission mandatée par la Communauté des États indépendants. Sur place, l’ONU dispose également d’un contingent d’observateurs, la Mission d’observation des Nations unies en Géorgie (MINUOG), créée en août 1993 pour veiller au respect de l’accord de cessez-le-feu.

La conduite des opérations militaires
Les principes du droit international humanitaire s’imposent aussi bien aux États qu’aux groupes armés non gouvernementaux.

Les principes ci-dessous sont les piliers du droit international humanitaire :

toutes les parties au conflit doivent protéger les civils et respecter la distinction entre cibles militaires et biens de caractère civil ;
toute attaque directe contre des civils ou des biens de caractère civil, que ce soit à titre de représailles ou pour toute autre raison, est interdite ;
aucune partie n’est autorisée à utiliser des biens de caractère civil comme des écoles ou des hôpitaux pour y placer des combattants ou des armes ;
les attaques aveugles qui ne tentent pas de faire une distinction entre les cibles militaires et les civils ou les biens de caractère civil ou qui font intervenir des armes non discriminantes par nature sont prohibées ;
les attaques disproportionnées sont également interdites : il s’agit d’attaques qui, tout en visant une cible militaire légitime, ont un impact disproportionné sur les civils proches de l’objectif militaire visé ;
les parties au conflit doivent prendre des mesures pour protéger la population civile contre les dangers résultant des opérations militaires, notamment en s’abstenant de viser des objectifs militaires au voisinage de concentrations de populations civiles ;
les civils doivent avoir accès à l’aide humanitaire, et les organisations humanitaires doivent être autorisées à venir en aide à la population civile ;
tous les prisonniers, les blessés et ceux qui cherchent à se rendre doivent être traités avec humanité – les prisonniers ne doivent jamais être tués ni pris en otages ;
toute personne responsable de graves violations du droit international humanitaire doit être traduite en justice dans le cadre d’un procès équitable, et des réparations doivent être versées aux victimes.