Rossy Tshimanga Mukendi, abattu par la police lors d’une manifestation pacifique en RDC

Le 25 février 2018, Rossy Tshimanga Mukendi a été abattu par la police au cours d’une manifestation pacifique à la paroisse Saint Benoit dans la commune de Lemba, à Kinshasa. Il était un membre très actif des mouvements de jeunesse pro-démocratie. Des témoins de son assassinat ont déclaré à Amnesty International que Rossy avait été ciblé par la police. L’un de ses qui était avec lui ce jour-là a déclaré à Amnesty qu’il essayait de faire entrer tout le monde dans l’enceinte de la paroisse lorsqu’il a été abattu.

« Il y avait huit [agents de police]. A voir la façon dont ils avançaient vers nous, ils avaient de mauvaises intentions. Quand ils se sont approchés de nous, j’ai demandé à mon frère [Rossy] d’entrer dans l’[enceinte] de la paroisse. Il a été abattu juste après. »

Il a ensuite été emmené dans l’église alors que ses amis et le prêtre de la paroisse réfléchissaient à la manière de le conduire en toute sécurité à l’hôpital le plus proche car la police armée continuait de bloquer la sortie principale de l’enceinte. Les amis de Rossy ont décidé de prendre un détour, d’abord à pied, puis en utilisant une voiture qu’ils ont trouvée par hasard dans la rue. Son propriétaire a bien voulu les conduire à l’hôpital.

Rossy est mort à cinq mètres de l’hôpital Saint-Joseph, selon un ami qui lui tenait la main et appuyait sur sa blessure pour arrêter l’hémorragie.

Les autorités ont d’abord nié avoir tué quelqu’un ce jour-là. La police a ensuite admis que Rossy avait été tué, ainsi qu’un autre manifestant à Mbandaka, dans la province de l’Équateur. Elle a toutefois ajouté que Rossy était un gangster et qu’il avait été tué par la police en légitime défense. Selon la police, les balles qui ont été tirées sur Rossy étaient des balles en caoutchouc. Cette version des faits a été contredite par le médecin qui a examiné le corps de Rossy à l’hôpital. Plus tard, les autorités ont arrêté un policier, le présentant comme l’assassin de Rossy et l’ont déféré devant un tribunal militaire. Plusieurs témoins oculaires ont contesté l’identité du policier présenté comme l’assassin de Rossy.

La mort de Rossy a secoué sa famille. Ce praticien d’arts martiaux de 35 ans, primé, a laissé derrière lui deux enfants. Il était également professeur assistant à l’Université pédagogique nationale. Son père, Fernand Mukendi est décédé deux semaines après ses funérailles. Le jour de ses funérailles justement, le 18 mai 2018, les forces de sécurité ont arrêté le cortège funèbre puis confisqué son corps pendant des heures.

Arsène Tshimanga, le frère de Rossy qui se trouvait avec Rossy lors des événements qui ont conduit à sa mort s’est caché pendant des mois après avoir reçu de graves menaces pour avoir publiquement dit qu’il doutait que l’homme arrêté était bien le vrai tueur de Rossy.

Le 21 septembre 2018, l’avocat de la famille a déposé une plainte auprès de l’auditeur général de l’armée congolaise contre 10 personnes dont le commissaire de police de Kinshasa Sylvano Kasongo pour le meurtre de Rossy. Le procès de l’affaire Rossy a été suspendu en octobre 2018 à la demande de sa famille, après que le tribunal militaire chargé de l’affaire a refusé d’enquêter sur un agent de police que la famille de Rossy et des témoins croient être le véritable coupable du meurtre de Rossy.

À ce jour, la plainte est toujours pendante devant le tribunal militaire et le procès n’a pas repris.