Les avancées obtenues après la révolution en Tunisie sont menacées. Depuis la prise de pouvoir du président Kaïs Saïed le 25 juillet 2021, les autorités tunisiennes multiplient les attaques contre l’état de droit et les droits humains, en portant atteinte à la liberté d’expression et d’association ainsi qu’au droit à un procès équitable. Les autorités bafouent également les droits des personnes migrantes, réfugiées et demandeuses d’asile.
Quel est le problème ?
D’anciens parlementaires et d’autres responsables politiques tunisiens de premier plan, des journalistes, des défenseur·e·s des droits humains et des militant·e·s ont été pris pour cible pour avoir contesté la mainmise du président sur tous les pouvoirs et la répression menée par son gouvernement. Ces personnes ont fait l’objet d’arrestations et de détentions arbitraires, d’interdictions de voyager et d’enquêtes pénales. Depuis le 25 juillet 2021, la justice a ouvert des enquêtes visant au moins 40 personnes qui n’avaient fait qu’exercer pacifiquement leur droit à la liberté d’expression, dont certaines ont été jugées par un tribunal, en vertu du Décret-loi n° 54, qui offre une large latitude aux autorités pour réprimer la liberté d’expression. Les autorités ont également ordonné le placement en détention provisoire d’au moins 23 personnes, dont des avocat·e·s et des responsables politiques.
De plus, plusieurs projets de loi restrictifs modifiant le Décret-Loi n° 88, qui réglemente les organisations de la société civile, ont été divulgués, notamment un projet de loi soumis au Parlement en octobre 2023. Les autorités ont fait maintes déclarations qui dénigraient les organisations de la société civile, à travers des accusations de corruption et de trahison, affirmant que la loi sur les associations devait être remplacée par une nouvelle loi. Les autorités se sont également attaquées à plusieurs reprises à l’indépendance de la justice en adoptant différentes mesures, telles que la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature et la révocation arbitraire de 57 juges et procureurs sur ordre du président.
À la suite des propos discriminatoires tenus par le président Kaïs Saïed en février 2023, des centaines de personnes migrantes et réfugiées ont été victimes d’agressions, d’expulsions ou d’arrestations arbitraires dans l’impunité la plus totale. Depuis juillet 2023, les forces de sécurité ont procédé à des arrestations et à des expulsions arbitraires massives de plusieurs milliers de personnes migrantes, demandeuses d’asile et réfugiées, dont des enfants, vers la Libye et l’Algérie. Entre juillet et août, au moins 28 personnes sont mortes dans la région désertique située le long de la frontière libyenne.
Ce que vous pouvez faire
Agissez maintenant en appelant les autorités tunisiennes à libérer immédiatement toutes les personnes détenues arbitrairement, à mettre fin à l’intensification de la répression des droits humains, notamment du droit à la liberté d’expression et d’association, à faire respecter les droits des personnes migrantes et réfugiées et à ne pas compromettre l’indépendance du pouvoir judiciaire.