CHRONOLOGIE DES ÉVÉNEMENTS CLÉS DEPUIS LE COUP D’ÉTAT DU 26 JUILLET 2023
Agissez maintenant, envoyez un message aux autorités nigériennes
UNE NATION EN CRISE
Le 26 juillet 2023, le président élu du Niger, Mohamed Bazoum, a été renversé lorsque l’armée a pris le pouvoir, le plaçant en détention, suspendant la Constitution et dissolvant des institutions clés. Ce coup d’État, conduit par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), a été justifié par des arguments de dégradation de la sécurité et de mauvaise gestion économique, mais ses conséquences ont été marquées par une répression sévère et des violations des droits humains.
Les autorités militaires se sont rapidement accaparées tous les pouvoirs, étouffant les voix de l’opposition, restreignant les libertés civiles et ciblant quiconque osait remettre en question leur autorité.
Depuis lors, le pays est le théâtre d’arrestations arbitraires fréquentes et de lois utilisées pour écraser la dissidence. La pression internationale s’intensifie, mais les autorités restent inflexibles, utilisant un discours anti-impérialiste et des appels au patriotisme pour justifier leurs actions.

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DÉTENTIONS ARBITRAIRES : RÉDUIRE AU SILENCE L’OPPOSITION
Immédiatement après le coup d’État, les autorités ont arrêté plusieurs figures politiques et suspendu toutes les activités des partis politiques. L’ancien président Mohamed Bazoum, son épouse et son fils ont été placés en résidence surveillée, avec un accès limité aux soins médicaux et à une représentation juridique. Malgré les décisions de la Cour de justice de la CEDEAO exigeant leur libération, ils restent détenus, et le régime militaire a engagé une procédure pour lever l’immunité présidentielle de Mohamed Bazoum. Son fils a finalement été libéré en janvier 2024 grâce à une médiation menée par le Togo.
Au moins sept anciens ministres ont été arrêtés arbitrairement sur la base d’accusations motivées politiquement. Certains ont été transférés dans des prisons isolées, dans des conditions très difficiles, sans accès à un procès équitable. Dans plusieurs affaires, les tribunaux ont ordonné leur libération, mais les autorités refusent de s’y conformer, renforçant un climat d’impunité et de peur.
Le recours massif aux détentions arbitraires réduit au silence les leaders de l’opposition et pousse les militants à s’autocensurer, rendant toute contestation publique extrêmement risquée.

LES MÉDIAS SOUS PRESSION
Principaux médias internationaux suspendus
La liberté de la presse a été l’une des premières victimes du coup d’État. Le gouvernement militaire a systématiquement attaqué les médias indépendants, suspendant des chaînes internationales comme RFI, France 24 et temporairement la BBC. Des journalistes, tels qu’Ousmane Toudou et Soumana Maïga, ont été arrêtés arbitrairement pour avoir couvert les actions du gouvernement, tandis que d’autres ont été contraints à l’autocensure.
Si vous critiquez le gouvernement, soyez sûr que vous risquez l’arrestation.
Membre de la société civile nigérienne
Les journalistes sont menacés et intimidés. Certains sont détenus dans des lieux tenus secrets, sans que leurs familles ne sachent où ils se trouvent. Les réseaux sociaux sont également surveillés, et des personnes ont été arrêtées pour avoir publié des contenus jugés critiques envers les autorités.
La Maison de la presse, regroupant 32 organisations de médias, a été suspendue, laissant les journalistes sans protection. Ces attaques ont provoqué un effet paralysant, privant les citoyens d’informations fiables et laissant les abus gouvernementaux se perpétuer sans contrôle.

Le soir, il n’y avait rien à manger. Dans cette cellule, l’odeur de mon urine a commencé à me gêner [car il n’y avait pas de toilettes et j’étais forcée d’uriner dans un seau], en plus de l’odeur de peinture. Pendant tout ce temps, ils ne m’ont pas laissée me laver ou changer de vêtements. […]Hadiza*, une activist qui avait été détenue arbitrairement.
RÉPRESSION DE LA SOCIÉTÉ CIVILE
Les défenseurs des droits humains et les activistes sont parmi les principales cibles du régime militaire. Les organisations œuvrant pour la démocratie, la transparence et les droits humains sont accusées de manquer de patriotisme ou de menacer la sécurité nationale, et subissent un harcèlement constant.
Les cas d’Hadiza* et de Samira Sabou, deux militantes détenues pour des publications sur les réseaux sociaux critiquant le gouvernement, sont particulièrement inquiétants. Les forces de sécurité les ont arrêtées en pleine nuit et elles ont été détenues au secret pendant plusieurs jours avant d’être officiellement inculpées en vertu des lois liberticides sur la cybercriminalité.
Les manifestations pacifiques contre le régime militaire sont systématiquement réprimées avec violence. Le droit de réunion pacifique a été suspendu de fait, rendant impossible toute forme de protestation organisée.

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UNE LIBERTÉ D’EXPRESSION EN DANGER
La modification de la loi sur la cybercriminalité, en juin 2024, a encore aggravé la situation. Cette loi criminalise les critiques en ligne, prévoyant des peines d’emprisonnement et des amendes lourdes pour ceux accusés « d’insulter les autorités » ou de « troubler l’ordre public ».
Nous n’osons plus dire ce que nous pensons.
Militante sociale nigérienne
En résumé, ce que signifie la loi sur la cybercriminalité lorsqu’elle est détournée par les autorités :
- Publier du contenu critique en ligne (poursuivi pour diffamation) → Jusqu’à 3 ans de prison et une amende allant de un à cinq millions de francs CFA (soit entre 1 643 USD et 8 000 USD)
- Appeler à la contestation (poursuivi pour diffusion de données troublant l’ordre public) → Jusqu’à 5 ans de prison et une amende allant de deux à cinq millions de francs CFA (soit entre 3 286 USD et 8 000 USD)
Cette loi est largement utilisée pour museler les voix dissidentes, notamment celles qui dénoncent les abus du gouvernement ou appellent à des réformes démocratiques. Les utilisateurs des réseaux sociaux se tournent vers des comptes anonymes ou des applications chiffrées pour partager des informations, de peur de représailles.
La rédaction floue et large de la loi permet aux autorités de poursuivre presque n’importe qui, transformant l’espace public en un terrain miné, où la parole devient un danger.

UN APPEL POUR LA JUSTICE
More thPlus de dix-huit mois après le coup d’État, le Niger reste plongé dans l’incertitude. Les autorités militaires n’ont pas rétabli l’ordre constitutionnel et consolident leur pouvoir par la répression.
Amnesty International appelle les autorités nigériennes à libérer immédiatement toutes les personnes détenues arbitrairement, y compris l’ancien président Mohamed Bazoum, son épouse, les anciens ministres, les défenseurs des droits humains comme Moussa Tchangari et les journalistes comme Ousmane Toudou.
Nous leur demandons de respecter l’État de droit, la procédure légale et les droits de la défense, de mettre fin aux détentions illégales, y compris aux disparitions forcées, et de cesser de recourir aux tribunaux militaires pour juger des civils.
Il est urgent de mettre fin à la répression contre les journalistes, les défenseurs des droits humains et les activistes, et de protéger l’espace civique en modifiant la loi sur la cybercriminalité conformément au droit international. La suspension des activités de la Maison de la presse et des partis politiques doit être levée, et les libertés d’expression et de réunion pacifique garanties.
Les droits humains ne doivent pas être sacrifiés sur l’autel de l’instabilité politique.
La communauté internationale doit agir pour demander des comptes aux autorités nigériennes. Les gouvernements et organisations du monde entier doivent user de leurs relations diplomatiques pour faire pression sur les autorités et soutenir la société civile dans sa lutte pour la justice et les droits humains. Le peuple nigérien mérite un gouvernement qui respecte ses droits et ses libertés, et non un régime qui gouverne par la peur et l’oppression.
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