En réaction aux informations selon lesquelles Nasta Loika, défenseure des droits humains et éducatrice bélarussienne, a été condamnée à sept ans d’incarcération dans une colonie pénitentiaire pour des accusations forgées de toutes pièces à l’issue d’un procès à huis clos, Marie Struthers, directrice régionale pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale à Amnesty International, a déclaré :
« La condamnation de Nasta Loika pour de fausses accusations à l’issue d’une parodie de procès menée en secret porte un coup dur à la communauté militante au Bélarus et à la situation des droits humains dans son ensemble. La décision pleine de lâcheté des autorités de la juger à huis clos témoigne de l’absence totale de légitimité des poursuites intentées contre elle et de l’ampleur des violations de son droit à un procès équitable. Éducatrice et militante courageuse, Nasta Loika a œuvré sans relâche à promouvoir et protéger les droits fondamentaux au Bélarus. Elle doit être libérée immédiatement et sans condition.
« Les préoccupations sont vives quant à son état de santé et sa sécurité, et ce procès mené en secret ne fait que les aviver. Les autorités doivent d’urgence cesser d’instrumentaliser le système judiciaire du pays pour réduire au silence leurs détracteurs, dont Nasta Loika et tous les défenseur·e·s des droits humains qui sont dans le même cas qu’elle.
« Elles doivent ordonner sans délai l’ouverture d’une enquête sur la détention arbitraire de Nasta Loika et sur ses allégations concernant les tortures qu’elle aurait subies aux mains de membres du personnel pénitentiaire et qu’elle a signalées l’an dernier. Les auteurs ou les complices présumés de ces agissements doivent être traduits en justice dans le cadre de procédures équitables excluant tout recours à la peine de mort. »
Complément d’information
Éminente défenseure des droits humains, Nasta (Anastasia) Loika s’est attachée à recueillir des informations sur l’utilisation de la législation répressive relative à la lutte contre l’extrémisme au Bélarus, à protéger les étrangers et les apatrides dans le pays, et à renforcer l’éducation aux droits humains.
Le 6 septembre 2022, elle a été arrêtée arbitrairement alors qu’elle quittait le tribunal municipal de Minsk, après avoir assisté à une audience dans le cadre du procès visant ses collègues défenseurs des droits humains Marfa Rabkova, Andrei Chapyuk et leurs huit coaccusés.
Nasta Loika a tout d’abord été placée en « détention administrative » pour « houliganisme simple ». Sa détention a été prolongée à plusieurs reprises, jusqu’à son placement arbitraire en détention provisoire dans le cadre d’une procédure pénale ouverte contre elle en octobre 2022.
Durant sa détention, Nasta Loika n’a pas été autorisée à consulter son avocat et s’est vu refuser des soins médicaux essentiels, ainsi que des produits de première nécessité, notamment des vêtements chauds et de l’eau potable.