Géorgie. La condamnation de Nika Gvaramia, propriétaire d’un média pro-opposition, est une manœuvre à caractère politique visant à faire taire les voix dissidentes

En réaction aux informations selon lesquelles un tribunal en Géorgie a condamné Nika Gvaramia, propriétaire et directeur de la chaîne d’informations favorable à l’opposition Mtavari TV, à trois ans et demi de prison pour avoir abusé de sa position et avoir nui aux intérêts financiers de la chaîne de télévision qu’il gérait auparavant, Marie Struthers, directrice du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnesty International, a déclaré :

« La condamnation de Nika Gvaramia est un acte flagrant de poursuites à caractère politique en représailles de ses opinions dissidentes et de ses critiques vis-à-vis des autorités. Il encourt désormais des années de prison alors que le gouvernement redouble d’efforts pour faire taire les voix dissidentes. Nika Gvaramia doit être libéré immédiatement.

« Amnesty International est vivement préoccupée par les motivations politiques qui sous-tendent cette affaire et ont pour but de bâillonner la liberté d’expression. Elle craint que le seuil pénal n’ait pas été atteint, comme l’ont confirmé Transparency International et le médiateur géorgien qui ont suivi le procès. Ces questions doivent être abordées dans le cadre de l’appel interjeté dans cette affaire.

Amnesty International est vivement préoccupée par les motivations politiques qui sous-tendent cette affaire et ont pour but de bâillonner la liberté d’expression

Marie Struthers, directrice du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnesty International

« La condamnation de Nika Gvaramia fait écho aux préoccupations croissantes face au déclin de la liberté des médias en Géorgie et met en lumière l’influence grandissante du gouvernement sur les tribunaux dans plusieurs affaires destinées à museler la critique et les opposant·e·s. »

Complément d’information

Le 16 mai, le tribunal municipal de Tbilissi a condamné Nika Gvaramia à trois ans et six mois de prison pour avoir « abusé de sa position » lorsqu’il travaillait pour la chaîne de télévision Rustavi 2. Il a également été déclaré coupable de détournement de fonds, une infraction qui lui a valu une amende de 50 000 lari géorgiens (16 000 euros).

Sa condamnation pénale repose sur l’allégation selon laquelle, en tant que directeur de Rustavi 2, Nika Gvaramia a acheté une voiture de fonction pour la chaîne de télévision dans le cadre d’un contrat publicitaire et l’a utilisée à des fins personnelles. Le ministère public a également fait valoir que son manque de bonne foi dans le cadre de ce contrat a nui aux intérêts financiers de l’entreprise, constituant ainsi un détournement de fonds.

Nika Gvaramia, qui a jadis travaillé comme avocat pour l’ancien président Mikheil Saakachvili, critique haut et fort le Rêve géorgien, le parti au pouvoir.

Il a été inculpé une première fois le 6 septembre 2020, avec Kakha Damenia, ancien directeur financier de Rustavi 2, et Zurab Iashvili, directeur d’Inter Media Plus.