En réaction au rejet de l’appel portant sur la peine de mort prononcée contre le ressortissant malaisien Nagaenthran Dharmalingam et à l’exécution imminente d’Abdul Kahar bin Othman à Singapour, Rachel Chhoa-Howard, chercheuse sur l’Asie du Sud-Est à Amnesty International, a déclaré :
« Un homme condamné à la peine de mort de manière obligatoire pour des infractions liées à la législation sur les stupéfiants risque d’être exécuté mercredi 30 mars, et les craintes sont vives quant à d’autres exécutions qui devraient suivre. Alors que deux années se sont écoulées sans aucune exécution, nous exhortons le gouvernement de Singapour à ne pas rétablir l’application de ce châtiment cruel.
« Nagaenthran Dharmalingam a perdu son appel, ce qui a ouvert la voie à son exécution par pendaison dès cette semaine. Cette issue choquante fait fi des vives inquiétudes concernant ses capacités intellectuelles et mentales, et de l’indignation suscitée dans le monde entier.
« Tout au long de ses 18 années au pouvoir, le gouvernement du Premier ministre de Singapour Lee Hsien Loong n’a pas une seule fois validé une ordonnance permettant au président d’accorder sa grâce à un prisonnier risquant d’être exécuté. S’il y a bien une occasion qui s’y prête, c’est celle-ci.
« Le gouvernement doit agir sans attendre afin d’éviter une grave parodie de justice et doit se départir de sa stratégie inhumaine et honteuse qui consiste à recourir à la peine de mort pour résoudre les problèmes liés à la drogue.
« Le recours à la peine de mort à Singapour viole le droit international relatif aux droits humains et les normes en la matière. La peine de mort n’est jamais la solution face à la criminalité, ni la solution pour lutter contre les risques et les méfaits de la consommation de drogues. Nous appelons le gouvernement à abolir ce châtiment définitivement. »
Complément d’information
L’indignation collective s’est manifestée l’an dernier lorsque, malgré les conclusions d’experts médicaux établissant le handicap intellectuel de Nagaenthran Dharmalingam, sa famille a appris que les autorités de Singapour avaient programmé son exécution pour le 10 novembre. L’inquiétude s’est faite plus vive encore lorsqu’après lui avoir rendu visite en prison, sa famille a déclaré que sa santé mentale s’était nettement détériorée et qu’il semblait ne pas comprendre pleinement ce qui lui arrivait. L’organe chargé de veiller à l’application de la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées, à laquelle Singapour est partie, a précisé qu’il est interdit de condamner à mort des personnes souffrant de troubles mentaux et déficiences intellectuelles.
L’audience d’appel de Nagaenthran Dharmalingam a été reportée en novembre lorsqu’il a été testé positif au COVID-19. Cette audience a été reprogrammée au 29 mars et, avec d’autres appels épuisés, constituait l’un de ses derniers recours pour ne pas être exécuté. Dans sa décision, le tribunal a rejeté les arguments concernant le déclin de son état mental, ainsi que les contestations s’appuyant sur ses capacités intellectuelles.
En outre, les normes internationales et le droit international relatif aux droits humains interdisent de prononcer la peine de mort pour des infractions liées à la législation sur les stupéfiants et interdisent de la prononcer à titre de sentence obligatoire pour n’importe quelle infraction. Tous les prisonniers dont l’exécution a été fixée à Singapour depuis fin 2021 ont été reconnus coupables et condamnés à la peine de mort obligatoire pour des infractions liées à la drogue.
Les autorités de Singapour ont fixé une nouvelle date pour l’exécution – mercredi 30 mars. La famille d’Abdul Kahar bin Othman a été avertie et priée de prendre des dispositions pour lui rendre une dernière visite dans une lettre datée du 23 mars. Abdul Kahar bin Othman a été déclaré coupable de trafic de stupéfiants et condamné à la peine de mort obligatoire en 2015.
Amnesty International est opposée à la peine de mort dans tous les cas et en toutes circonstances.