Gambie. Le rapport de la Commission vérité et réconciliation doit permettre aux victimes d’obtenir justice et des réparations

Alors que la Commission vérité, réconciliation et réparation (TRRC) en Gambie remet son rapport final le 25 novembre 2021 au président Adama Barrow, Michèle Eken, chercheuse sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International, a déclaré :

« Le rapport de la Commission doit ouvrir la voie à un engagement sans équivoque des autorités gambiennes sur le fait que la justice et des réparations seront enfin accordées aux victimes de décennies de violations des droits humains commises sous le régime du président Yahya Jammeh.

« Pendant plus de 20 ans, les Gambiennes et les Gambiens qui se mettaient à dos le régime du président étaient torturés, exécutés de manière extrajudiciaire et détenus arbitrairement pendant des périodes prolongées, dans un climat de violations généralisées des droits humains – disparitions forcées, violences sexuelles et fondées sur le genre, et attaques contre la liberté d’expression et de réunion pacifique notamment.

« Puisque la Commission vérité, réconciliation et réparation a présenté ses recommandations, le gouvernement peut maintenant faire toute la lumière sur cette sombre période de l’histoire du pays et garantir que les victimes reçoivent des réparations pour ce qu’elles ont enduré.

Michèle Eken, chercheuse sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International

« Les responsables, dont certains sont toujours en poste au sein des services de sécurité, doivent être traduits en justice et les autorités doivent veiller à ce que ces violations des droits humains cautionnées par l’État ne se reproduisent pas. »

Complément d’information

Aujourd’hui, les membres de la Commission vérité, réconciliation et réparation (TRRC) en Gambie ont soumis leur rapport final au président Adama Barrow.

Mise sur pied en décembre 2017, cette Commission avait pour objectif principal d’établir un bilan historique impartial des violations et des atteintes aux droits humains commises de juillet 1994 à janvier 2017, en vue de « promouvoir la guérison et la réconciliation, répondre aux besoins des victimes, lutter contre l’impunité et prévenir la répétition des violations et des atteintes subies en formulant des recommandations visant à créer des mécanismes de prévention adaptés, notamment des réformes institutionnelles et légales. »

Elle était également chargée d’établir et de faire connaître le sort réservé aux victimes disparues et d’accorder des réparations aux victimes dans les cas appropriés. Le 15 octobre 2018, le président Adama Barrow a nommé les 11 commissaires de la Commission vérité, réconciliation et réparation (TRRC), qui ont prêté serment. La Commission a débuté ses audiences le 7 janvier 2019. Elle a soumis son rapport provisoire au gouvernement le 29 avril 2020.