Nations unies. Les puissances nucléaires doivent signer un traité historique rendant les armes nucléaires illégales

Une étape historique a été franchie vendredi 22 janvier dans la campagne visant à débarrasser le monde des armes nucléaires, a déclaré Amnesty International, au moment où le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) entre en vigueur. Ce traité rend illégal au regard du droit international le fait de mettre au point, de tester, de posséder, de stocker, d’utiliser ou de menacer d’utiliser des armes nucléaires. Il a été adopté par deux tiers des États membres des Nations unies.

Toutefois, aucun des pays détenteurs de la bombe atomique ne l’a signé. Amnesty International exhorte ces États et d’autres à rejoindre le mouvement pour éliminer les armes les plus inhumaines et destructrices jamais créées.

« Jusqu’à présent, les armes nucléaires étaient les seules armes de destruction massive qui n’étaient pas soumises à un traité mondial d’interdiction, malgré les dégâts catastrophiques qu’elles infligent. La modification historique du droit international qui entre en vigueur aujourd’hui  – résultat de plusieurs décennies de campagne menée par la société civile – nous rapproche de l’abolition définitive de la menace nucléaire, a déclaré Verity Coyle, conseillère principale sur les équipements militaires, de sécurité et de police pour Amnesty International.

« Cependant, il est très préoccupant qu’aucun des États qui possèdent des armes nucléaires n’ait adhéré à ce traité. La dissuasion nucléaire est une stratégie reposant sur la menace de tuer des millions de personnes et de déclencher une catastrophe humanitaire et environnementale, qui n’a pas sa place dans le monde actuel. »

Un moment historique

Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires a été adopté par deux tiers des États membres de l’ONU en 2017 et entre en vigueur vendredi 22 janvier 2021.

Il interdit toute une série d’actions aux pays, notamment de mettre au point, de tester, de produire, de fabriquer, de transférer, de posséder, de stocker, d’utiliser ou de menacer d’utiliser des armes nucléaires, ainsi que d’autoriser la présence d’armes nucléaires sur leur territoire.

Ces activités sont courantes ; selon la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN), la Belgique, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Italie et la Turquie conservent collectivement quelque 150 armes nucléaires des États-Unis. Aucun de ces États n’a signé le TIAN.

Bien que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de 1968 interdise aux puissances qui n’en possèdent pas d’en fabriquer, il n’impose pas d’interdiction générale de l’utilisation ou de la détention d’armes nucléaires pour tous les États qui y sont parties.

De plus, les puissances nucléaires n’ont pas tenu leurs engagements aux termes du TNP. En 2019, selon l’ICAN, neuf pays ont dépensé 72,9 milliards de dollars au total pour ces armes.

« Le TIAN comble un immense vide dans le droit international, mais son entrée en vigueur doit être suivie d’un changement de trajectoire par ces États qui soutiennent encore, sous une forme ou une autre, l’utilisation des armes nucléaires, a déclaré Verity Coyle.

« Il incombe à tous les gouvernements d’éliminer la menace des armes nucléaires, conformément à leur obligation de veiller au respect du droit international humanitaire et relatif aux droits humains. »