Égypte. Une militante des droits humains arrêtée devant le Bureau du procureur général

Le 23 juin, les forces de sécurité ont emmené la défenseure des droits humains et ancienne prisonnière d’opinion Sanaa Seif alors qu’elle attendait son tour, devant le bureau du procureur, au Nouveau Caire, pour porter plainte à la suite de la violente agression dont elle a été victime.

Sanaa Seif a été conduite au bureau du parquet de la Sûreté de l’État, une antenne spéciale du parquet chargée de mener les enquêtes sur les menaces à la sécurité nationale. Les proches et les sympathisant·e·s rassemblés devant ce service ont par la suite appris qu’elle avait été interrogée pour des charges de « diffusion de fausses nouvelles », d’« incitation à des infractions terroristes » et d’« utilisation abusive des réseaux sociaux ».

Le frère de Sanaa Seif, le militant Alaa Abdel Fatah, est détenu de façon arbitraire depuis septembre 2019. Le 22 juin, Sanaa Seif, sa mère et sa sœur attendaient devant le centre pénitentiaire de Tora qu’on leur remette une lettre de lui, quand elles ont été frappées par un groupe de femmes armées de bâtons, qui leur ont aussi volé leurs affaires, devant des agents des forces de sécurité.

« Sanaa Seif et sa famille font depuis des années l’objet de manœuvres de harcèlement et d’intimidation en raison de leurs activités militantes de défense des droits humains, mais les événements de ces derniers jours marquent un nouveau tournant très préoccupant. Le fait que Sanaa Seif a été appréhendée alors qu’elle se trouvait devant le bureau du procureur témoigne de l’impudence actuelle des forces de sécurité égyptiennes, a déclaré Philip Luther, directeur de la recherche et du travail de plaidoyer pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International.

« Le procureur est face à un choix : faire respecter la loi et enquêter sur l’agression dont Sanaa Seif et ses proches ont été victimes, y compris sur le rôle qu’ont joué les forces de sécurité dans l’attaque du 22 juin, ou être complice des forces de sécurité qui s’en prennent à Sanaa Seif et à ses proches uniquement parce qu’elle conteste la détention arbitraire de son frère et s’enquiert de son état de santé en pleine pandémie. »

Sanaa Seif et sa famille font depuis des années l’objet de manœuvres de harcèlement et d’intimidation en raison de leurs activités militantes de défense des droits humains, mais les événements de ces derniers jours marquent un nouveau tournant très préoccupant. Le fait que Sanaa Seif a été appréhendée alors qu’elle se trouvait devant le bureau du procureur témoigne de l’impudence actuelle des forces de sécurité égyptiennes.

Philip Luther, directeur de la recherche et du travail de plaidoyer pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International

« L’arrestation de Sanaa Seif a eu lieu le lendemain de l’agression dont elle-même, sa sœur et sa mère ont été victimes et qui a été commise par plusieurs femmes devant le centre pénitentiaire de Tora, en présence de membres des forces de sécurité. Nous demandons aux autorités égyptiennes de libérer immédiatement et sans condition Sanaa Seif, et de mettre fin au harcèlement incessant de sa famille. Nous réitérons également l’appel que nous leur avons lancé pour qu’elles libèrent immédiatement et sans condition Alaa Abdel Fattah et, dans l’intervalle, pour qu’elles veillent à ce qu’il puisse communiquer avec sa famille. »

Complément d’information

Le 22 juin, Sanaa Seif attendait devant centre pénitentiaire de Tora, au Caire, qu’on lui remette une lettre écrite par son frère, Alaa Abdel Fattah, détenu de façon arbitraire. Sa mère, Laila Soueif, et sa sœur, Mona Seif, l’accompagnaient. Un groupe de femmes se sont alors approchées d’elles et les ont frappées avec des bâtons, ont déchiré leurs vêtements, les ont traînées sur le sol et ont volé leurs affaires. Un policier aurait poussé Laila Soueif vers ses assaillantes, et un autre aurait ordonné aux assaillantes de « s’occuper d’elles en dehors de [la zone d’attente] ». Cette agression a laissé des traces nettement visibles sur le corps des trois femmes, au vu des photos qu’Amnesty International a examinées.