Chili. Les autorités doivent garantir la santé de la population carcérale face au COVID-19

Les autorités chiliennes doivent accélérer l’application des mesures de réduction de la surpopulation carcérale, en vue d’assurer tous les services essentiels nécessaires pour éviter que des détenus contractent le virus dans les prisons du pays, a déclaré Amnesty International le 31 mars dans une lettre ouverte à l’État chilien.

« La stratégie de criminalisation de la contestation sociale appliquée par les autorités au cours de ces derniers mois a eu pour conséquence l’emprisonnement de centaines de personnes pour des délits mineurs, ce qui met une tension supplémentaire sur le système carcéral chilien déjà précaire et met des milliers de personnes en danger », a déclaré Ana Piquer, directrice exécutive d’Amnesty International Chili.

Il y a un peu plus d’un an, l’Institut national des droits humains (INDH) avait signalé la surpopulation de plus de la moitié des prisons chiliennes, l’insuffisance des services d’hygiène dans les établissements pénitentiaires et le manque de personnel de santé pour prendre en charge la population carcérale. Face à la contestation sociale qui secoue le pays depuis octobre 2019, les autorités ont réagi en appliquant certaines lois de manière abusive et disproportionnée, notamment la Loi relative à la sécurité de l’État, ce qui a eu pour conséquence une augmentation de la population carcérale.

La stratégie de criminalisation de la contestation sociale appliquée par les autorités au cours de ces derniers mois a eu pour conséquence l’emprisonnement de centaines de personnes pour des délits mineurs, ce qui met une tension supplémentaire sur le système carcéral chilien déjà précaire et met des milliers de personnes en danger.

Ana Piquer, directrice exécutive d’Amnesty International Chili

Bien que les autorités aient proposé des mesures pour soulager la surpopulation, des événements inquiétants ont également été constatés, comme la décision en séance plénière de la cour d’appel d’annuler une résolution prévoyant l’assignation à domicile de 13 personnes placées en détention préventive pour des délits mineurs liés aux manifestations de fin 2019, et la suspension du juge Daniel Urrutia Laubreaux qui avait émis cette résolution conformément aux recommandations des juges de la septième Chambre du tribunal de Santiago du Chili, dont il faisait partie.

« Les autorités prennent des mesures aléatoires dans leurs actions destinées à lutter contre la grave menace que représente le COVID-19 pour la population carcérale. La mesure prise contre le juge Daniel Urrutia Laubreaux est une attaque contre les droits humains de ces personnes, à un moment critique. La décision prise en séance plénière doit être annulée dans son ensemble immédiatement. »

Amnesty International a réitéré son appel en faveur de la libération de toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé leur droit à la liberté de réunion pacifique et en faveur de l’examen immédiat de toutes mesures de détention préventive en vigueur.

L’organisation recommande également aux autorités d’envisager la libération anticipée ou conditionnelle des personnes les plus vulnérables face au COVID-19. Enfin, Amnesty International appelle les autorités à prévoir des ressources destinées à garantir l’accès à l’eau, aux installations sanitaires, aux produits d’hygiène et aux soins de santé de toute la population carcérale.

Les autorités prennent des mesures aléatoires dans leurs actions destinées à lutter contre la grave menace que représente le COVID-19 pour la population carcérale.

Ana Piquer

« Les personnes en détention préventive dans l’attente de leur procès doivent être présumées innocentes jusqu’à preuve du contraire. Ainsi, l’État chilien doit examiner chaque cas et envisager la libération de ces personnes dans l’attente de leur procès ou la substitution de leur emprisonnement par d’autres mesures conservatoires », a déclaré Ana Piquer.