Iran. La vente d’un nombre limité de billets aux femmes pour assister à un match de football est une «opération de communication cynique»

Les autorités iraniennes doivent lever toutes les restrictions concernant la présence des femmes dans les tribunes des stades de football, a déclaré Amnesty International à la veille du match de qualification pour la Coupe du monde Iran-Cambodge, qui se déroulera au stade Azadi de Téhéran, le 10 octobre.

C’est la première fois, à l’occasion de ce match, que l’Iran autorise les femmes à entrer dans le stade Azadi depuis la mort choquante de Sahar Khodayari, une jeune femme qui s’est immolée par le feu en septembre après avoir été convoquée devant un tribunal pour répondre d’accusations en lien avec sa tentative d’entrer dans un stade de foot.

Les autorités ont limité le nombre de billets vendus aux femmes pour assister au match de demain. Seules quatre tribunes du stade Azadi sont réservées aux spectatrices, soit environ 3 500 sièges, sur une capacité totale d’environ 78 000 places.

« La décision d’autoriser un nombre symbolique de femmes à entrer dans le stade pour le match de demain est une opération de communication cynique de la part des autorités qui cherchent à redorer leur image à la suite du vif tollé suscité dans le monde entier par la mort tragique de Sahar Khodayari, a déclaré Philip Luther, directeur des recherches et des activités de plaidoyer pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International.

Toute mesure autre que l’annulation totale de l’interdiction faite aux femmes d’entrer dans tous les stades de football est une insulte à la mémoire de Sahar Khodayari et un affront pour les droits de toutes les femmes en Iran qui se mobilisent avec courage en faveur de la levée de cette interdiction.

Philip Luther, directeur des recherches et des activités de plaidoyer pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International

« Toute mesure autre que l’annulation totale de l’interdiction faite aux femmes d’entrer dans tous les stades de football est une insulte à la mémoire de Sahar Khodayari et un affront pour les droits de toutes les femmes en Iran qui se mobilisent avec courage en faveur de la levée de cette interdiction.

« Au lieu de prendre des demi-mesures afin d’atténuer leur traitement discriminatoire vis-à-vis des supportrices de football, les autorités iraniennes devraient lever toutes les restrictions faites aux femmes pour assister aux matchs, notamment aux matchs de la ligue nationale, à travers le pays. La communauté internationale, et notamment la FIFA, instance dirigeante du football mondial, doit aussi veiller à ce que les femmes soient autorisées à assister à toutes les rencontres, librement et sans discrimination.

« La FIFA a la responsabilité de respecter les droits humains dans le cadre de ses opérations et a le pouvoir, en vertu de ses statuts, de prendre une décision sans appel et urgente afin de remédier à une situation qu’elle a laissé perdurer depuis bien trop longtemps. »

La FIFA a publiquement réitéré sa position : les femmes doivent pouvoir entrer dans les stades de football pour assister à tous les matchs. Malgré ces efforts, les autorités iraniennes n’ont pas levé toutes les restrictions visant les femmes quant à leur présence dans les stades.

Depuis début 2018, au moins 40 femmes ont été arrêtées et certaines poursuivies en justice pour avoir tenté d’entrer dans des stades de football. Amnesty International invite les autorités iraniennes à abandonner immédiatement et sans condition toutes les charges pesant sur les femmes inculpées pour avoir tenté d’entrer dans un stade de foot ou manifesté contre ces restrictions.