Qatar. Un nouveau fonds pourrait représenter un espoir pour les travailleurs migrants exploités

Réagissant aux informations selon lesquelles l’émir du Qatar a promulgué une nouvelle loi portant création d’un fonds de soutien et d’assurance pour les travailleurs migrants, Steve Cockburn, directeur adjoint du programme Thématiques mondiales à Amnesty International, a déclaré :

« Ce fonds pourrait représenter un espoir pour les centaines de travailleurs migrants qui ont été escroqués par des entreprises aux pratiques abusives alors qu’ils travaillaient au Qatar. Il reste à voir comment la loi sera appliquée en pratique, mais il s’agit d’une étape bienvenue sur la voie de la mise en œuvre des promesses du Qatar, qui a annoncé qu’il allait améliorer les droits des travailleurs en ce qui concerne sa main-d’œuvre migrante. À cet égard, le Qatar doit veiller à ce que le financement soit à la fois suffisant et débloqué en temps voulu pour réparer les préjudices subis par les victimes.

« Le mois dernier, nous avons montré que des dizaines de travailleurs migrants employés par une entreprise d’ingénierie, Mercury MENA, s’étaient retrouvés dans une situation desespérée, sans pouvoir se nourrir, lorsque la société avait cessé de verser leurs salaires. Malheureusement, leur expérience n’est pas un cas isolé, et la création de ce fonds pourrait apporter une aide et une protection dont ont grand besoin les travailleurs confrontés à des difficultés similaires. Nous appelons les autorités qatariennes à veiller à ce que les travailleurs de Mercury MENA, dont beaucoup sont rentrés chez eux sans un sou, soient parmi les premiers à bénéficier de ce nouveau fonds.

« Cependant, le Qatar a encore beaucoup à faire pour tenir l’engagement qu’il a pris d’améliorer les droits des travailleurs avant la Coupe du monde de 2022. Nous demandons à nouveau aux autorités qatariennes d’abolir totalement le système de parrainage abusif qui continue à permettre l’exploitation de tant de travailleurs migrants. »

Complément d’information

La nuit dernière, l’émir du Qatar, Tamim bin Hamad Al Thani, a promulgué la Loi n° 17 de 2018 portant création du Fonds de soutien et d’assurance des travailleurs.

Amnesty International a fait état des multiples obstacles et de la longueur des délais auxquels sont confrontés les travailleurs migrants au Qatar qui saisissent les tribunaux pour obtenir leur dû. Des employeurs abusifs, tels que Mercury MENA, ont laissé des travailleurs migrants se débattre dans des conditions de vie difficiles alors que ceux-ci luttaient, presque toujours en vain, pour obtenir le versement de leurs salaires impayés.

En mars 2018, les Commissions de résolution des conflits du travail ­ mécanisme récemment créé de règlement accéléré des conflits du travail, dirigé par un juge et visant à améliorer l’accès des travailleurs à la justice – sont devenues opérationnelles. Elles ont permis d’accélérer le traitement des plaintes des travailleurs, mais pas de trouver des solutions pour ceux qui réclamaient leurs salaires non versés lorsque leurs entreprises se heurtaient à des difficultés financières et n’étaient pas en mesure de les payer. Aujourd’hui, le Fonds d’assistance et d’assurance des travailleurs est censé aider les personnes qui se trouvent dans de telles situations.

Le gouvernement du Qatar a promis à maintes reprises de réformer en profondeur son système d’emploi des travailleurs migrants. En octobre 2017, il a mis en place un programme de coopération technique avec l’Organisation internationale du travail (OIT) qui pourrait aboutir à une réforme, promise depuis longtemps, du système de parrainage abusif du Qatar si le gouvernement respecte pleinement l’accord conclu.