Russie. Une avocate qui a dénoncé un cas de torture fuit le pays en raison des menaces

Les autorités russes doivent agir immédiatement pour protéger Irina Birioukova, une avocate qui a fui le pays après avoir diffusé une vidéo montrant son client Evgueni Makarov se faire rouer de coups dans une prison russe, a déclaré Amnesty International le 23 juillet 2018.

Le 20 juillet, Irina Birioukova a rendu publique une vidéo sur laquelle on peut voir 18 gardiens agresser Evgueni Makarov, dans la colonie pénitentiaire n° 1 de la région de Iaroslavl, dans le centre de la Russie. Selon l’avocate, sa source à l’intérieur de la prison l’a informée que des gardiens prévoyaient de se venger d’elle et la menaçaient de violences physiques.

« La décision courageuse d’Irina Birioukova de dévoiler les abus de pouvoir consternants au sein de la colonie pénitentiaire n° 1 illustre une nouvelle fois sa détermination à protéger autrui contre la torture et les mauvais traitements. Il est très inquiétant qu’en raison de son acte de courage elle ait dû fuir le pays, en proie à la peur, a déclaré Marie Struthers, directrice du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnesty International.

En l’absence d’un mécanisme national qui œuvre de manière systématique à prévenir la torture, les poursuites pénales engagées contre les tortionnaires d’Evgueni Makarov seront une exception à la règle.

Marie Struthers, directrice du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnesty International

« La protection d’Irina Birioukova et d’Evgueni Makarov doit être la priorité des autorités russes. Nous leur demandons de mener dans les meilleurs délais une enquête indépendante et impartiale sur les menaces visant Irina et les allégations de torture concernant Evgueni, et de s’engager à mettre fin à la culture de l’impunité et de la peur au sein du système pénitentiaire russe. »

Le Comité d’enquête de Russie a annoncé le 23 juillet que six surveillants de la colonie pénitentiaire n° 1 avaient été arrêtés à la suite de l’ouverture d’une enquête sur la vidéo, filmée en 2017.

« L’ouverture de l’enquête sur les allégations de torture est un pas en avant vers la justice. Toutefois, en l’absence d’un mécanisme national qui œuvre de manière systématique à prévenir la torture, les poursuites pénales engagées contre les tortionnaires d’Evgueni Makarov seront une exception à la règle.

« Nous demeurons vivement préoccupés par la sécurité d’Evgueni Makarov et des milliers de détenus dans les centres de détention provisoire, les colonies pénitentiaires et les postes de police en Russie, où les allégations de torture et de mauvais traitements sont monnaie courante et où les investigations sont rares. »