L’Espagne prévoit d’extrader un demandeur d’asile vers le Kazakhstan, où il risque la torture

L’Espagne doit s’abstenir de renvoyer de force Alexandre Pavlov vers le Kazakhstan, a déclaré Amnesty International mercredi 19 février, peu après avoir pris connaissance de la décision du gouvernement espagnol d’autoriser son extradition. « Le gouvernement espagnol a décidé d’extrader Alexandre Pavlov vers le Kazakhstan malgré l’existence d’éléments crédibles prouvant qu’il risquerait d’être soumis à la torture s’il retournait dans ce pays. Expulser Alexandre Pavlov vers le Kazakhstan serait contraire aux obligations de l’Espagne aux termes du droit international », a déclaré Julia Hall, spécialiste du droit pénal à Amnesty International. « Le gouvernement doit faire ce qui est juste et revenir sur cette décision. » Alexandre Pavlov, 37 ans, demandeur d’asile en Espagne et ressortissant kazakh, est actuellement incarcéré à Madrid, la capitale espagnole. Selon des informations confirmées à Amnesty International par plusieurs sources, une décision autorisant son extradition a été prise par le Conseil des ministres vendredi 14 février. Elle n’a pas encore été rendue publique. Amnesty International estime que la demande d’extradition formulée par les autorités kazakhes s’explique par les liens qu’entretient Alexandre Pavlov avec la personnalité de l’opposition Moukhtar Ablyazov, qui a fui le Kazakhstan en 2009. Alexandre Pavlov a été pendant plusieurs années le responsable de la sécurité de Moukhtar Ablyazov. Le gouvernement espagnol a affirmé que le gouvernement kazakh lui avait fourni l’« assurance diplomatique » qu’Alexandre Pavlov ne serait pas maltraité s’il rentrait au Kazakhstan. « Lorsqu’elles émanent de gouvernements qui recourent régulièrement à la torture, les promesses selon lesquelles un détenu sera traité avec humanité ne valent rien », a déclaré Julia Hall. « Le gouvernement espagnol ne peut ni ne doit se fier aux promesses creuses des autorités kazakhes, qui traquent sans relâche Alexandre Pavlov et d’autres collaborateurs de Moukhtar Ablyazov. » Des poursuites pénales ont été engagées dans plusieurs affaires contre des personnalités politiques et de la société civile au Kazakhstan, en raison de leurs liens avec Moukhtar Ablyazov et de leur adhésion à ses opinions dissidentes. Des actes de torture et d’autres mauvais traitements infligés à des détenus et des prisonniers continuent à être signalés dans ce pays, bien que le gouvernement ait affirmé à plusieurs reprises qu’il était en train de résoudre le problème. « L’Espagne ne peut pas simplement faire abstraction du bilan du Kazakhstan en ce qui concerne la torture et les autres formes de mauvais traitements. Elle est légalement tenue de ne pas renvoyer une personne dans un pays où celle-ci risquerait fortement d’être persécutée ou victime d’autres graves violations des droits fondamentaux », a déclaré Julia Hall. Toutes les voies de recours ayant été épuisées en Espagne, la seule solution restant à Alexandre Pavlov afin de contester la légalité de cette extradition est de se tourner vers la Cour européenne des droits de l’homme. Si la Cour européenne ordonnait des « mesures provisoires », l’Espagne serait obligée de suspendre l’extradition le temps que le cas d’Alexandre Pavlov soit examiné. « Le fait que le gouvernement espagnol puisse ne serait-ce qu’envisager de renvoyer Alexandre Pavlov au Kazakhstan est une honte », a déclaré Julia Hall. « La seule façon pour le gouvernement de procéder désormais, dans le respect de la loi et de la dignité humaine, est de se raviser et de reconnaître qu’Alexandre Pavolv serait en grand danger au Kazakhstan. »