Russie. La loi sur la «propagande de l’homosexualité» est une attaque contre la liberté d’expression

Le Parlement russe soutient un projet de loi qui érige en infraction toute « propagande de l’homosexualité auprès de mineurs ». Cette mesure restreindra les droits fondamentaux de la personne humaine et bafoue les obligations incombant aux autorités russes au titre du droit international de protéger les lesbiennes, les gays et les personnes bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) contre les discriminations, a déclaré Amnesty International vendredi 25 janvier.

La Douma d’État (chambre basse du Parlement)a adopté ce texte controversé en première lecture, quasiment à l’unanimité ; seul un parlementaire a voté contre, tandis qu’un autre s’est abstenu.

Le texte érige la « promotion de l’homosexualité auprès des mineurs » en infraction administrative à la législation fédérale, passible d’amendes pouvant atteindre 500 000 roubles (12 300 euros environ).

« Cette loi est une attaque contre la liberté d’expression », a indiqué David Diaz-Jogeix, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

Dans la législation russe, il n’existe aucune véritable définition de la « propagande de l’homosexualité », ce qui permet une interprétation très large de ces termes. Des gens vont être sanctionnés pour quelque chose de parfaitement légitime : être eux-mêmes ou s’exprimer.

« Cette loi encourage la stigmatisation et établit une discrimination à l’égard des personnes LGBTI, y compris des mineurs, et les privera d’informations qui pourraient s’avérer cruciales pour elles en matière de santé, a estimé David Diaz-Jogeix.

« Ce texte suppose, paradoxalement, qu’il vaut mieux, pour le développement moral, spirituel et psychologique des enfants, que ces derniers ne bénéficient pas du soutien et des informations qui pourraient les aider à prendre des décisions informées, autonomes et responsables. C’est une loi injuste.

« Par ailleurs, elle va priver les personnes LGBTI de l’égalité devant la loi en entravant les activités des militants qui défendent leurs droits. Certains d’entre eux ont déjà été harcelés et agressés. »

Des militants LGBTI ont organisé vendredi 25 janvier une « Journée du baiser » devant la Douma. Des partisans de la loi ont lancé des œufs sur les couples qui s’embrassaient et les ont insultés. Les policiers auraient arrêté 20 militants LGBTI.

« Une nouvelle fois, la police a dirigé ses actions avec une force possiblement excessive contre les mauvaises personnes. Les militants LGBTI ne représentaient en aucune façon une menace. Ils n’ont provoqué ni haine ni violence. Ils étaient présents pour exercer leur droit d’exprimer librement leurs sentiments les uns envers les autres. En tant que citoyens, ils en ont le droit, tout comme ils ont le droit d’être protégés contre toute forme de violence », a conclu David Diaz-Jogeix.