À Tchicanou et Bondi, un accès insuffisant aux soins et à l’eau : « Il n’y a pas de médecins […] »

Dans les villages de Tchicanou, Bondi et Kouakouala, les recherches menées par Amnesty International montrent que l’accès à l’eau et aux soins demeure très restreint pour les habitant·e·s, bien que certaines entreprises et l’État se soient engagés à l’assurer.

Les villages étudiés dans le cadre des recherches d’Amnesty International ont tous bénéficié du projet « Eau pour tous » lancé par l’État. Toutefois, quand Amnesty International s’est rendue dans les villages, les installations du projet ne fonctionnaient plus. Selon les habitant·e·s, aucun service d’entretien n’avait été fourni et les panneaux solaires nécessaires pour activer la pompe avaient semble-t-il été volés.

Auparavant, les populations locales s’approvisionnaient en eau à partir de différentes sources naturelles. Mais depuis l’arrivée des entreprises pétrolières et d’une usine de gravier, les sources d’eau semblent s’être épuisées et l’eau est devenue impropre à la consommation. Les habitant·e·s de Tchicanou, Bondi et Kouakouala qu’Amnesty International a interrogés ont déclaré que dès 2006, des responsables de l’entreprise pétrolière les avaient réunis pour leur déconseiller de boire l’eau de la rivière, bien que cette recommandation et ses motivations n’aient pas été communiquées par écrit.

L’entreprise pétrolière qui a repris l’extraction en 2007 – ENI Congo – s’est également impliquée dans l’approvisionnement de ces trois villages en eau. L’entreprise a installé des puits profonds de plusieurs dizaines de mètres, en 2017 et en 2018. Mais ce système présentait également des insuffisances, avec des pompes souvent en panne. L’entreprise a alors fourni un générateur permettant de faire fonctionner la pompe : tous les deux jours, le générateur est déposé dans un village du secteur afin de constituer des réserves d’eau. L’entreprise organise également une distribution d’eau par camion-citerne.

Ainsi, alors même que la République du Congo dispose d’abondantes ressources en eau et que le gouvernement a ratifié des traités relatifs aux droits humains garantissant le droit à l’eau, les populations locales n’ont accès qu’aux infrastructures d’approvisionnement en eau défectueuses fournies par l’État et à une eau naturelle non potable.

La situation est similaire en ce qui concerne l’accès aux soins de santé. Le centre de santé intégré de M’Bokou couvre les villages de Bondi et de Tchicanou, ainsi que plusieurs autres villages des environs, ce qui signifie qu’il n’y a qu’un seul centre pour une population de 7 000 personnes. Le centre a été rénové par ENI Congo dans le cadre d’un projet social. Toutefois, les services fournis par le centre de santé sont limités. Quand l’équipe d’Amnesty International s’est rendue sur place, le centre n’employait aucun médecin : il y avait une sage-femme, trois travailleurs·euses sociaux et quatre agent·e·s de liaison. Le centre n’employait pas de technicien·ne de laboratoire et le laboratoire, rénové par l’entreprise, n’était plus en état de fonctionnement. Enfin, le site est difficile d’accès : il n’est pas facile de circuler sur la piste, en particulier pendant la saison des pluies, lorsqu’elle est en mauvais état. Les habitant·e·s ont expliqué à Amnesty International qu’ils devaient se rendre à Pointe-Noire, à 40 kilomètres du village, pour consulter des médecins lorsqu’ils étaient malades et acheter des médicaments, car il n’y a pratiquement rien au centre de santé.

Comme pour l’approvisionnement en eau, l’État doit investir davantage dans les services publics afin de garantir l’accès aux soins de santé pour la population, plutôt que de déléguer ses obligations à des entreprises.

Dans sa réponse à Amnesty International, Metssa Congo nie toute toxicité de ses émissions, mettant en avant le recours à des « équipements de contrôle de pointe ». L’entreprise affirme en outre que la fumée produite proviendrait en fait du fourneau à aluminium et n’aurait aucun lien avec l’activité du fourneau à plomb. L’entreprise déclare également qu’elle dispose de tous les documents requis par la loi pour mener des activités au Congo. Le collectif d’habitant·e·s de Vindoulou a porté plainte en juin 2023 auprès de la haute cour de Pointe-Noire, exigeant l’arrêt des opérations et la relocalisation de l’usine du groupe Metssa, ainsi que des réparations.

Passez à l’action aujourd’hui

Soutenez les habitant·e·s de Vindoulou dans leur lutte pour un environnement sûr