Plus d’une centaine de personnes sont détenues arbitrairement au Cameroun, simplement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique. Agissez maintenant et exigez la fin de la détention arbitraire d’activistes politiques, de défenseurs des droits humains et de manifestants.
Au Cameroun, la répression contre des personnes simplement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression et de réunion a visé des partisans du principal parti d’opposition, des défenseurs des droits humains, des manifestants de la région anglophone, ainsi que des membres d’un mouvement social.
Dorgelesse Nguessan est coiffeuse et mère célibataire d’un garçon de 17 ans. Elle a été inspirée à participer à sa toute première marche, une manifestation organisée par le MRC (Mouvement pour la Renaissance du Cameroun), le 22 septembre 2020. Cette manifestation a eu lieu malgré l’interdiction des autorités. La marche était pacifique, mais les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour disperser les manifestants et ont arrêté plus de 500 personnes, dont Dorgelesse. De nombreuses personnes ont signalé un usage excessif de la force, de la torture et d’autres mauvais traitements pendant leur détention. Dorgelesse a d’abord été détenu dans un commissariat de Douala. Là, elle a été empêchée de recevoir des visiteurs ou de se doucher pendant quelques jours et forcée de dormir sur un matelas avec plusieurs autres détenues. Un policier a ensuite tenté de l’agresser sexuellement alors qu’elle était seule sous la douche. Elle a été condamnée le 7 décembre 2021 à cinq ans de prison pour « insurrection », « rébellion » et « atteinte à la sûreté de l’État ».
Intifalia Oben est un commerçant de 29 ans et un sympathisant du MRC. Il a également été condamné à cinq ans de prison par le tribunal militaire de Yaoundé le 27 décembre 2021. Intifalia a été arrêté le 16 septembre 2020 par trois gendarmes en civil (forces de sécurité) après avoir exécuté une commande de t-shirts politiques personnalisés que le gendarmes lui avaient passé. Il est alors inculpé de « tentative de révolution, rébellion, attroupement aggravé et non possession de carte nationale d’identité ». Il aurait été torturé, notamment battu et sujet à une simulation de noyade. Il a ainsi contracté une infection pulmonaire à cause de ces mauvais traitements et a été transporté à l’hôpital le 14 mai 2021. Là, il est resté enchaîné à son lit d’hôpital toute la journée, tous les jours, pendant deux semaines.
Penn Terence Khan est père de quatre enfants et directeur adjoint du lycée de Bambili, dans la région anglophone. Il a été arrêté en janvier 2017 pour avoir suivi un appel au boycott et à la grève, organisé par un consortium de militants de la société civile, d’enseignants et d’avocats. Terence a été enlevé de sa voiture par 10 gendarmes en tenue de combat. Il aurait été torturé et soumis à des mauvais traitements. En avril 2018, Terence a été condamné à 12 ans de prison pour “complicité de sécession, financement du terrorisme et complicité avec la rébellion”. La seule preuve fournie dans le jugement contre lui était un t-shirt portant les slogans « Diaspora d’ Afrique du Sud debout derrière les Camerounais de l’Ouest pour un Cameroun fédéral » et « Nous sommes des Camerounais, nous ne sommes pas des extrémistes ».
Tsi Conrad, un journaliste de 35 ans originaire de Bamenda (région anglophone) est également réalisateur de documentaires et défenseur des droits de l’homme qui a couvert les manifestations dans la région anglophone. Il est connu pour avoir partagé des images de l’usage excessif de la force contre des manifestants avec des médias privés en tant que journaliste indépendant. Conrad a été arrêté en décembre 2016 alors qu’il couvrait une manifestation où les forces de sécurité auraient tiré sur les manifestants, après des mois de ce qui équivaut à du harcèlement par les autorités camerounaises pour son travail journalistique. Tsi Conrad a ensuite été condamné à 15 ans de prison pour “actes de terrorisme, sécession, diffusion de fausses informations, révolution, insurrection, outrage aux pouvoirs publics et aux fonctionnaires, et hostilité contre la nation”.
À ce jour, plus d’une centaine de personnes arrêtées depuis 2016 en lien avec les manifestations du MRC ou la crise anglophone sont toujours en détention. La détention de personnes simplement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression et de réunion, ainsi que la détention résultant de procès sans garanties procédurales indépendantes, est arbitraire et illégale.
Rejoignez nos sympathisants et nos membres pour exiger que tous les militants politiques, défenseurs des droits humains et manifestants pacifiques détenus arbitrairement soient libérés et que toutes les charges retenues contre eux soient abandonnées.
Envoyez un courriel au président Paul Biya et au ministre de la Justice Laurent Esso pour exiger la fin de la répression du droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique.