Imani Gandy : Les violences en ligne à l’égard des femmes

Je pense que Twitter est devenu la nouvelle place publique. Je trouve que c’est une très bonne plateforme pour les personnes qui n’ont habituellement pas vraiment leur mot à dire dans le processus politique. Je parle surtout des jeunes de couleur, ce n’est pas pour rien que le Black Twitter existe. C’est vraiment formidable que des personnes noires puissent se regrouper et aller vers d’autres personnes noires à travers le pays. Qu’il s’agisse d’évoquer le dernier épisode de Scandal ou le mouvement Black Lives Matter, Twitter est devenu un puissant outil d’organisation. Les hauts responsables politiques ne sont pas habitués à devoir répondre à ce type de personnes.

Je me fais harceler [sur Twitter] en tant que femme, et encore plus parce que je suis une femme noire. Une femme blanche se fait traiter de salope, moi de salope et de négresse. Quelle que soit la caractéristique qu’ils choisissent, ils s’en servent contre vous. Si j’étais transgenre, je me ferais traiter de salope et de travelo. Ils utilisent la moindre insulte qui leur vient à l’esprit pour s’en prendre à un groupe marginalisé.

J’ignore le plus souvent les attaques [qui me visent sur Twitter] et j’évite de taper mon nom dans les barres de recherche, car les résultats me mettent vraiment en colère. Ce n’est pas plaisant d’aller quelque part où j’ai l’impression que tout le monde me déteste, je me demande ce que j’ai fait de mal. Je suis de nature anxieuse, et ça ne fait qu’accroître mon anxiété. La première fois que je me suis fait traiter de négresse sur Twitter, j’ai pleuré… et cinq minutes plus tard, j’ai ri. C’est une de ces choses auxquelles on s’habitue, et aujourd’hui, ça ne m’atteint pas la plupart du temps.