Iran : libération d’une militante kurde des droits des femmes

L’étudiante kurde Hana Abdi a été libérée de prison le jeudi 26 février après environ seize mois de détention. Elle avait été inculpée d’« inimitié à l’égard de Dieu » et de « rassemblement et collusion dans l’intention de porter atteinte à la sécurité nationale ».

Amnesty International a fait campagne pour obtenir la libération de Hana Abdi, qu’elle considérait comme une prisonnière d’opinion, estimant qu’elle était détenue uniquement pour avoir exercé, sans violence, ses droits à la liberté d’expression et d’association dans le cadre de son travail en faveur des droits des femmes et de la minorité kurde en Iran.

Hana Abdi, étudiante à l’université de Bijar, est membre de la Campagne pour l’égalité, un mouvement de militants qui réclament la fin de la discrimination légalisée envers les femmes en Iran. Elle est également membre de l’organisation non gouvernementale kurde de défense des droits des femmes Azar Mehr, basée à Sanandaj.

Elle a été arrêtée en novembre 2007 et accusée d’appartenance au Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK), un groupe d’opposition armée kurde, et de participation à des « attaques » commises à Sanandaj, dans la province du Kurdistan (dans le nord-ouest de l’Iran). Elle a été détenue au secret pendant deux mois par le ministère du Renseignement puis transférée à la prison de Sanandaj.

Elle a été condamnée à une peine de cinq ans d’emprisonnement qui devait être purgée en exil à Germi, dans le nord du pays. Cette peine a cependant été réduite en appel à dix-huit mois d’emprisonnement à Razan, dans la province de Hamedan. Elle a été transférée peu avant sa libération à Meshkin Shahr, dans la province d’Ardebil (dans le nord-ouest de l’Iran).

Amnesty International a salué la libération de Hana Abdi, estimant que les accusations portées contre elle étaient motivées par des considérations politiques et visaient peut-être à discréditer la Campagne pour l’égalité.

Ronak Safarzadeh, une consœur de Hana Abdi arrêtée un mois plus tôt qu’elle et toujours détenue à la prison de Sanandaj, attend les résultats de son procès. Elle doit à nouveau comparaître devant la justice le samedi 28 février. Elle a été accusée elle aussi d’« inimitié à l’égard de Dieu » et encourt en conséquence la peine de mort.

En février 2008, l’avocat des deux femmes s’est dit préoccupé par le fait qu’elles avaient subi des interrogatoires menés avec des méthodes illégales et été accusées de très graves infractions alors qu’elles étaient maintenues en détention à l’isolement. Selon lui, leurs aveux n’étaient pas valables et ne pouvaient donc pas être utilisés à titre de preuve devant la justice.