Myanmar. Tous les prisonniers d’opinion doivent recouvrer la liberté après la libération d’un militant

La remise en liberté de Tun Aung, militant pacifique incarcéré simplement pour avoir tenté d’empêcher des violences intercommunautaires, est une bonne nouvelle, mais les autorités du Myanmar doivent également libérer les dizaines d’autres prisonniers d’opinion qui sont toujours derrière les barreaux, a déclaré Amnesty International. Médecin et figure de la communauté musulmane, Tun Aung a été relâché lundi 19 janvier.

Il avait été incarcéré en 2012, après avoir tenté de calmer la foule lors d’émeutes qui avaient éclaté entre des bouddhistes et des Rohingyas dans l’État d’Arakan (dans l’ouest du Myanmar) et, inculpé de plusieurs accusations forgées de toutes pièces, il avait été condamné à 17 ans d’emprisonnement. 

« Nous nous félicitons de cette mesure prise par les autorités et nous sommes ravis que Tun Aung soit enfin libre et puisse retrouver sa famille. Sa libération est un signe d’encouragement pour celles et ceux qui faisaient campagne en faveur de sa libération, dans le pays et ailleurs dans le monde, a déclaré Rupert Abbott, directeur des recherches du programme Asie du Sud-Est et Pacifique d’Amnesty International. 

« Cependant, il n’aurait jamais dû être jeté en prison : les charges retenues contre cet homme étaient dénuées de fondement et il a été jugé dans des conditions grotesques. 

« Tun Aung risque également d’être de nouveau arrêté et emprisonné, car il n’a bénéficié que d’une libération conditionnelle. Il faut que les autorités du Myanmar lèvent toutes les restrictions pesant sur sa liberté et veillent à ce qu’il puisse exercer pacifiquement ses droits, sans être sous la menace d’une arrestation ou de poursuites judiciaires. 

« Tun Aung a certes été relâché, mais plusieurs dizaines d’autres prisonniers d’opinion sont toujours incarcérés au Myanmar. Ils doivent tous être immédiatement remis en liberté, sans condition. » 

Durant l’été 2012, le Myanmar a été le théâtre de violences intercommunautaires meurtrières entre Rohingyas et bouddhistes. Ces violences se sont poursuivies de façon sporadique depuis lors. Alors que, selon des témoignages dignes de foi, les forces de sécurité seraient impliquées dans ces violences, ou ne seraient pas intervenues pour les empêcher, aucun représentant de l’État n’a été amené à rendre de comptes. 

« Pendant que Tun Aung croupissait en prison, les auteurs des violences qu’il tentait d’arrêter n’ont pas été inquiétés. Les autorités devraient s’employer à amener les responsables d’atteintes aux droits humains à répondre de leurs actes, et non à jeter en prison celles et ceux qui tentent de prévenir ces atteintes », a déclaré Rupert Abbott. 

En octobre 2012, Tun Aung a été adopté comme prisonnier d’opinion par Amnesty International. L’année suivante, en décembre 2013, il a figuré parmi les cas retenus pour le Marathon des lettres, événement organisé chaque année par l’organisation et à l’occasion duquel des millions de gens se mobilisent dans le monde entier en faveur de personnes et de communautés dont les droits humains ont été bafoués.

D’après un courrier de la Commission nationale des droits humains du Myanmar, les lettres reçues de la part des membres d’Amnesty International ont incité les autorités à réexaminer le cas de Tun Aung.