Chine. Trois militants anti-corruption emprisonnés à la suite d’accusations «grotesques»

Trois militants anti-corruption, condamnés à de la prison jeudi 19 juin pour avoir simplement exercé leur liberté d’expression et de réunion, doivent être libérés immédiatement et sans condition, a déclaré Amnesty International. Liu Ping et Wei Zhongping ont été condamnés à six ans et demi d’emprisonnement et Li Sihua à trois ans par le tribunal du district de Yushui dans la ville de Xinyu (province du Jiangxi). Tous trois étaient à l’origine inculpés de « rassemblement illégal », mais ils ont par la suite été accusés d’avoir « cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public », un chef d’accusation plus grave. Liu Ping et Wei Zhongping ont en outre été poursuivis pour avoir « organisé un rassemblement dans le but de troubler l’ordre public » et « utilisé un culte néfaste dans le but de nuire au maintien de l’ordre ». « Les accusations retenues contre ces militants ont été grotesques du début à la fin. Organiser une petite réunion privée et tenir une banderole dans un hall pour réclamer la transparence financière aux autorités ne doit en aucun cas constituer une “provocation de conflits” et un “rassemblement illégal”, a déclaré William Nee, spécialiste de la Chine au sein d’Amnesty International. « Ces peines sévères ne sont que les dernières manœuvres en date de la répression politique du Mouvement des nouveaux citoyens. Il s’agit de prisonniers d’opinion, qui doivent être libérés immédiatement et sans condition. » Le procès des trois militants s’est déroulé devant le tribunal du district de Yushui dans la ville de Xinyu (province du Jiangxi) en décembre 2013. Ils ont été arrêtés plus tôt dans l’année après avoir demandé que de hauts représentants de l’État déclarent leurs intérêts financiers et immobiliers. Ils font partie des dizaines de personnes liées au Mouvement des nouveaux citoyens, un réseau informel de militants décidés à promouvoir la transparence au sein des pouvoirs publics et à dénoncer la corruption, qui ont été arrêtées et persécutées tout au long de l’année dernière. Le tribunal a modifié les charges retenues contre eux – inculpés à l’origine de « rassemblement illégal », ils ont finalement été jugés pour avoir « cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public », un chef d’accusation plus grave – six mois après le procès et seulement quelques jours avant le prononcé du jugement. À cause de ce changement soudain, les avocats de Liu Ping, Si Weijiang et Yang Xuelin n’ont été informés de la date du jugement que deux jours à l’avance. Cette notification tardive viole l’obligation légale de préavis de trois jours et a empêché les avocats d’être présents lors du prononcé du jugement, étant donné qu’ils devaient se rendre à d’autres audiences. Liu Ping aurait été torturée en détention et sa fille et sa mère n’ont pas été autorisées à assister au procès. Xu Zhiyong, universitaire spécialiste du droit exerçant à Pékin et chef de file du Mouvement des nouveaux citoyens, a été condamné à quatre ans de prison en janvier. L’avocat Ding Jiaxi a été condamné à trois ans et demi d’emprisonnement, Li Wei et Zhang Baocheng à deux ans et Zhao Changqing à deux ans et demi en avril. Pu Zhiqiang, ancien avocat de Liu Ping, a été arrêté le 13 juin pour avoir « cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public » et « s’être procuré illégalement des informations personnelles » après avoir participé à un séminaire organisé début mai pour commémorer le 25e anniversaire de la répression de la place Tiananmen. FIN