Pakistan. L’absence de protection gouvernementale en cause dans des homicides de chiites

L’homicide d’au moins 25 personnes lors de processions religieuses, mercredi 21 novembre, montre que les autorités pakistanaises continuent à faillir à leur mission de protection de la communauté chiite, a déclaré Amnesty International. Le Mouvement des talibans du Pakistan a revendiqué les attentats à la bombe ayant touché les villes de Rawalpindi et Karachi le 21 novembre alors que la communauté chiite célébrait le mois sacré de Mouharram. « Ces attentats témoignent du mépris total des talibans pour les droits humains et les principes élémentaires d’humanité », a déploré Polly Truscott, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. « Malheureusement, les talibans ne sont qu’un des groupes impliqués dans les attaques ayant visé des musulmans chiites cette année au Pakistan, qui ont fait des centaines de morts et de blessés. » Amnesty International a recensé au moins 39 attaques visant des chiites depuis le début de l’année 2012. Or, en dépit de la fréquence de ces violences, le gouvernement pakistanais a très peu fait pour traduire en justice les auteurs présumés – et ceux qui les incitent à agir. « Qu’il s’agisse de personnes appartenant à l’ethnie hazara à Quetta, de membres de minorités dans les zones tribales ou d’hommes et de femmes habitant entre Gilgit et Karachi, des gens de tous les horizons vivent dans une peur constante de ces violences meurtrières », a poursuivi Polly Truscott. « Les talibans et les autres doivent mettre un terme à toutes ces attaques, et les autorités doivent conduire les auteurs présumés de ces actes devant la justice par le biais d’enquêtes et de procédures équitables. » Les groupes religieux doivent cesser d’inciter directement leurs fidèles à perpétrer de telles violences. « On ne saurait excuser ces attaques au motif qu’elles procèdent d’une tentative de protéger le sentiment religieux de ceux dont la foi est différente », a ajouté Polly Truscott. « L’inaction envoie un message dangereux, car elle revient à dire que les autorités ne veulent ou ne peuvent pas protéger ces citoyens ; cela alimente un climat déjà toxique de dénigrement fondé sur l’appartenance religieuse, qui a été à l’origine de nombreuses violences au Pakistan cette année. »