Mali : les assassins d’un accusé doivent comparaître en justice

Au Mali, un homme a été fusillé par un peloton dans le cadre d’une exécution extrajudiciaire. Les responsables de cet acte horrible et illégal doivent rendre des comptes devant la justice, a indiqué Amnesty International. Cet appel intervient après que cet homme, qui avait été accusé du meurtre de son voisin, a été abattu dans la soirée du mardi 2 octobre par des membres d’un groupe armé islamiste qui cherche à imposer une interprétation stricte de la charia (loi islamique). « Quelle que soit l’infraction commise, l’exécution extrajudiciaire est prohibée par le droit international humanitaire et relatif aux droits humains, et toutes les parties au conflit qui sévit au Mali doivent veiller à ce que les civils soient protégés », a affirmé Gaëtan Mootoo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International. Un témoin de l’exécution a raconté à Amnesty International : « Ils l’ont amené entre 17 h et 18 h sur une place, entre deux hôtels… Ils ont annoncé que cet homme avait tué une personne et devait par conséquent être exécuté à son tour. « Ils l’ont d’abord fait prier, avant de lui ligoter les pieds et les mains et de le forcer à s’agenouiller. Puis, plusieurs d’entre eux lui ont tiré dessus. « Lorsqu’ils ont tiré, la foule a quitté la place, parce que nous ne voulions pas assister à ça. » Au terme d’une mission de recherche de 15 jours au mois de septembre, Amnesty International a dévoilé les atteintes aux droits humains généralisées qui sont perpétrées dans plusieurs régions du Mali. Dans son rapport, intitulé Mali. Les civils paient un lourd tribut au conflit, elle a exposé des cas d’exécutions extrajudiciaires, de violences sexuelles, d’amputations, de lapidation et de recrutement d’enfants soldats, dont les groupes armés islamistes se rendent responsables dans le nord du Mali, mais aussi les milices d’autodéfense dans la partie du pays contrôlée par le gouvernement. « Les combats au Mali se sont calmés, mais ils pourraient repartir de plus belle à tout moment, et il est primordial que toutes les parties veillent à ce que les civils soient protégés, dans le plein respect du droit international humanitaire et relatif aux droits humains », a ajouté Gaëtan Mootoo. Le nord du Mali a été envahi par des groupes armés islamistes et touaregs à la suite d’un coup d’État à Bamako au mois de mars.

Les groupes armés contrôlent actuellement la plus grande partie du nord du Mali, ce qui représente environ les deux-tiers du pays.