Yémen. Pour asseoir une stabilité durable dans le pays, il faut un plan d’action sur les droits humains

Le Yémen pourrait connaître une autre crise des droits humains si les autorités ne prennent pas sur-le-champ des mesures visant à mettre fin aux atteintes aux droits humains qui continuent d’être commises dans le pays et à se pencher sur celles du passé, a déclaré Amnesty International mardi 25 septembre. Dans son programme en 11 points pour changer la situation des droits humains au Yémen, Amnesty International a observé que les violations continuaient de se dérouler en toute impunité, problème de longue date encore exacerbé par l’immunité accordée à l’ancien président Ali Abdullah Saleh et à ses adjoints en 2012. « Les autorités yéménites doivent élaborer et mettre en œuvre un programme précis de changement pour les droits humains. Cela suppose de s’assurer l’aide de la communauté internationale pour mettre en place une commission d’enquête sur les violations des droits humains qui ont eu lieu durant les événements de 2011, a déclaré Philip Luther, directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International. « Les autorités doivent également modifier et adopter un projet de loi sur la justice de transition, actuellement en suspens, qui doit effectivement permettre aux victimes d’obtenir justice pour les violations des droits humains commises par le passé. » Le Yémen ne s’est pas encore remis de la crise des droits humains qui l’a fortement ébranlé en 2011 : des centaines de manifestants ont été tués et des milliers blessés durant le soulèvement contre le gouvernement. La répression, qui s’est notamment traduite par des centaines d’arrestations arbitraires, débouchant parfois sur des disparitions forcées, des actes de torture et d’autres mauvais traitements, a été menée par diverses forces de sécurité et militaires, ainsi que par des partisans armés du gouvernement. Dans le même temps, les forces gouvernementales se sont opposées à des groupes armés, notamment à Ansar al Charia, qui serait affilié à al Qaïda, dans le cadre de conflits localisés, durant lesquels les deux camps auraient violé les lois de la guerre. Au cours des derniers mois, on a pu constater certaines améliorations, notamment la libération de centaines de prisonniers au lendemain de l’investiture d’un nouveau gouvernement. Cependant, on continue d’observer de graves atteintes aux droits humains. Les manifestations dans les villes du sud du pays, à Aden et ailleurs, se heurtent à une force excessive, qui fait des victimes parmi les manifestants pacifiques. Bien que les femmes aient massivement participé aux manifestations en 2011, ce qui a suscité l’espoir d’une avancée en matière d’égalité entre hommes et femmes, de nouveaux défis se font jour pour les militantes qui combattent la discrimination et la violence. « Les autorités yéménites doivent veiller à ce que le processus de reconstruction des institutions nationales et de réforme de la législation garantisse le respect, la protection et la jouissance des droits humains pour tous, a conclu Philip Luther. « C’est le seul moyen de parvenir à une stabilité durable au Yémen. » Dans son programme en 11 points, Amnesty International engage les autorités yéménites à : • Mettre fin aux homicides illégaux et aux violations des droits humains dans le cadre du conflit armé. • Mettre fin à l’impunité. • Mettre fin aux arrestations et détentions arbitraires et aux disparitions forcées. • Mettre fin aux actes de torture et autres mauvais traitements. • Garantir l’équité des procès. • Faire appliquer et défendre les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. • Défendre les droits des femmes, des jeunes filles et des fillettes. • Cesser de recourir à la peine de mort. • Protéger les droits des personnes déplacées. • Protéger les droits des réfugiés et des demandeurs d’asile. • Consolider le système de défense des droits humains.