Russie. Saint-Pétersbourg doit autoriser la Marche des fiertés

Les autorités de Saint-Pétersbourg doivent faire en sorte que la Marche des fiertés, manifestation pacifique organisée par la communauté des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres de la ville, se déroule comme prévu samedi 7 juillet, a déclaré Amnesty International alors qu’un accord concernant cet événement vient d’être annulé. Les organisateurs de la Marche des fiertés de Saint-Pétersbourg ont demandé aux autorités de différents quartiers de la ville de se mettre d’accord à l’avance sur un itinéraire. Un accord avait été trouvé en début de semaine pour que la Marche ait lieu au parc Poliustrov, en périphérie de la ville. Cependant, jeudi 5 juillet, les autorités sont revenues sur cette décision, invoquant les nombreuses plaintes reçues pour expliquer leur revirement. « Il est temps que Saint-Pétersbourg se présente comme une ville internationale, où la tolérance et le respect des droits humains ont pleinement droit de cité et d’où la discrimination est bannie », a indiqué Sergueï Nikitin, directeur du bureau d’Amnesty International à Moscou. Ces deux dernières années, l’ONG locale Ravnopravie (égalité) a sollicité l’aval des autorités pour organiser une Marche des fiertés pour la communauté des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres de Saint-Pétersbourg. Plusieurs tribunaux à Saint-Pétersbourg ont statué contre les refus répétés des autorités de donner leur feu vert à la Marche. Les autorités municipales ont suggéré à plusieurs reprises aux organisateurs de défiler dans des quartiers éloignés de la ville, pour ensuite revenir sur leur engagement à la dernière minute. « Une telle attitude donne une image très négative des autorités de Saint-Pétersbourg, alors qu’elles bafouent leurs obligations au titre du droit international de protéger les droits fondamentaux de tous les habitants de la ville », a déploré Sergueï Nikitin. En mars 2012, une nouvelle loi a été promulguée à Saint-Pétersbourg, interdisant dans la ville la « propagande auprès de mineurs de la sodomie, du lesbianisme, de la bisexualité et du transgenrisme ». Deux mois plus tard, Nikolaï Alekseev, militant des droits des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres, a été condamné à une amende pour « propagande » présumée, simplement parce qu’il avait porté haut une banderole sur laquelle était inscrite la phrase d’une célèbre actrice soviétique : « L’homosexualité n’est pas une perversité, ce qui est pervers, c’est le hockey sur gazon et les ballets sur glace. » Depuis l’adoption de cette loi, des milliers de personnes de par le monde, dont quelque 30 000 militants d’Amnesty International, ont écrit aux autorités de Saint-Pétersbourg, les exhortant à mettre un terme aux violations des droits humains dont sont victimes les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres et à laisser la Marche des fiertés de Saint-Pétersbourg se dérouler sans entraves. En mai, le Comité des ministres du Conseil de l’Europe a appelé la Russie à expliquer comment le pays avait l’intention de respecter ses obligations au titre du droit relatif aux droits humains, lors même que plusieurs régions russes ont adopté des dispositions législatives analogues prohibant la « propagande pour l’homosexualité ». « C’est un moment de vérité pour les autorités de la ville de Saint-Pétersbourg : en permettant que cette Marche des fiertés se déroule sans violence, elles ont une chance de montrer qu’elles respectent les droits humains, notamment le droit à la liberté de réunion pacifique, et rejettent toute discrimination envers les divers smembres de la société », a conclu Sergueï Nikitin.