Bahreïn doit autoriser les manifestations pacifiques

Les autorités bahreïnites doivent permettre à la population d’exercer son droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion, a souligné Amnesty International après que le responsable de la sécurité publique du pays a annoncé l’interdiction d’un rassemblement organisé par une formation d’opposition qui devait avoir lieu jeudi 12 juillet. L’Association islamique nationale Al Wifaq s’est vu refuser l’autorisation d’organiser le rassemblement intitulé « Nos revendications sont légitimes » dans la ville de Jablat Hibshi (nord du pays) jeudi soir. Au cours des dernières semaines, le gouvernement de Bahreïn a interdit tous les autres rassemblements et réunions organisés par les formations d’opposition. Les précédents rassemblements organisés par l’opposition et non autorisés par le gouvernement se sont heurtés à un recours excessif à la force à l’encontre des manifestants par les forces de sécurité. « Malgré les récentes promesses de réforme et la garantie de protéger les droits humains fondamentaux, les autorités continuent de bafouer le droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion et ont publiquement annoncé que tout rassemblement aujourd’hui serait illégal », a déploré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. En parlant de l’interdiction du jeudi 12 juillet, le général de division Tariq Al Hassan, responsable de la sécurité publique, a indiqué que l’Association islamique nationale Al Wifaq avait déposé une demande auprès de la direction de la police du gouvernorat septentrional en vue d’organiser un rassemblement à Jablat Hibshi ce jour. Il a déclaré que, après examen des plans de sécurité et de la loi sur les réunions publiques, il avait été décidé de ne pas accorder d’autorisation pour ce rassemblement. Il a ajouté que le lieu et le moment du rassemblement proposé aurait perturbé la circulation et exposé la population à des risques, sans expliquer lesquels. Il a également précisé qu’il était illégal de participer à ce rassemblement et que les contrevenants feraient l’objet de poursuites. « Au lieu de continuer de refuser arbitrairement le droit de réunion pacifique au motif que la circulation pourrait être perturbée, les autorités doivent proposer d’autres solutions pour permettre aux associations politiques et à l’ensemble de la population d’exercer pacifiquement leur droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion », a noté Hassiba Hadj Sahraoui. Un rassemblement organisé par les cinq principales formations politiques d’opposition le 22 juin s’est déroulé malgré l’interdiction du gouvernement. Les participants ont été attaqués par les forces de sécurité et plusieurs personnes ont été blessées, dont le secrétaire général d’Al Wifaq et d’autres membres de partis. Au cours de ce même événement, un jeune homme, Ali al Mowali, a été gravement blessé après qu’une grenade lacrymogène a heurté sa tête. Il a été immédiatement hospitalisé en soins intensifs, où il se trouve toujours actuellement. Il aurait subi une opération chirurgicale le 9 juillet. Des organisations bahreïnites de défense des droits humains ont fait état de dizaines d’arrestations de manifestants en juin. Plusieurs d’entre eux ont été accusés d’avoir participé à un rassemblement illégal. Des dizaines d’autres personnes auraient été blessées à la suite d’un recours excessif à la force au cours de manifestations ces dernières semaines. « Le fait qu’une manifestation pacifique n’ait pas été officiellement autorisée ne justifie pas des arrestations arbitraires ni l’emploi abusif d’une force disproportionnée par la police à l’encontre des manifestants. Les autorités de Bahreïn doivent agir immédiatement pour veiller à ce que cela ne se produise plus et que la loi sur les rassemblements soient rendue conforme au droit international », a insisté Hassiba Hadj Sahraoui. Lors de l’examen consacré à ce pays au cours de la 13e session du groupe de travail chargé de l’examen périodique universel au sein du Conseil des droits de l’homme, qui s’est tenue à Genève en mai dernier, 25 recommandations ont été adressées à Bahreïn en faveur de modifications de sa législation nationale, notamment de la Loi n° 32 de 2006 sur les associations et les rassemblements, afin de la rendre conforme aux normes internationales. Plusieurs États ont recommandé au gouvernement bahreïnite d’autoriser l’exercice de la liberté d’expression, d’association et de réunion.