La vie d’Abdulhadi Al Khawaja, militant bahreïnite se trouvant en détention, est en danger

Les autorités bahreïnites doivent libérer immédiatement et sans condition un éminent militant en faveur des droits humains dont l’état de santé se détériore rapidement, alors qu’il vient de dépasser son 60e jour de grève de la faim, a déclaré Amnesty International mardi 10 avril. Amnesty International considère Abdulhadi Al Khawaja et 13 autres opposants de premier plan détenus avec lui comme des prisonniers d’opinion, car ils sont incarcérés uniquement pour avoir exercé pacifiquement leurs droits à la liberté d’expression de réunion, et n’ont pas prôné l’usage de la violence. « Ces 14 hommes devraient tous être libérés immédiatement et sans condition, au lieu de quoi la Cour de cassation a ajourné leur procès en appel et rejeté leur demande de remise en liberté sous caution », a indiqué Hassiba Hadj Sahraoui, directrice du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International. « Dans le cas d’Abdulhadi Al Khawaja, ce retard pourrait avoir des conséquences désastreuses sur sa santé, qui continue à se dégrader du fait de sa grève de la faim. Nous tenons les autorités bahreïnites pour responsables de sa situation. » « Leur détermination à le persécuter semble primer sur toute considération relative à la justice ou au respect de la dignité humaine. » « La moindre des choses serait que les autorités permettent immédiatement à la famille et à l’avocat d’Abdulhadi Al Khawaja de lui rendre visite. » L’épouse d’Abdulhadi Al Khawaja a déclaré à Amnesty International qu’il était interdit à celui-ci de recevoir des visites depuis plusieurs jours. Ils ont parlé pour la dernière fois vendredi 6 avril dans la soirée, lorsqu’il lui a téléphoné depuis l’hôpital des forces de défense de Bahreïn pour lui annoncer qu’il avait été ramené à la prison de Jaw, après avoir éprouvé des difficultés à respirer. Il a affirmé que les infirmiers et gardiens ne l’avaient pas bien traité à l’hôpital. Dimanche 8 avril, sa famille, qui souhaitait lui rendre visite, a été refoulée de la prison de Jaw, et la demande déposée par son avocat pour le voir a été rejetée mardi 10 avril. Le 2 avril, la Cour de cassation a commencé à réexaminer les décisions rendues contre les 14 hommes, mais a renvoyé l’audience au 23 avril, date à laquelle elle devrait se prononcer. La Cour a rejeté la demande de libération sous caution déposée au nom de ces détenus. Au cours de la semaine du 2 avril, Abdulhadi Al Khawaja a été transféré de la prison de Jaw – d’abord à l’hôpital du ministère de l’Intérieur d’al Qalaa, à Manama (la capitale), avant d’être admis à l’hôpital des forces de défense de Bahreïn. Abdulhadi Al Khawaja, ancien coordonnateur de la protection pour le compte de l’organisation non gouvernementale irlandaise Front Line Defenders, a été arrêté en avril 2011 et accusé d’être l’un des meneurs des manifestations antigouvernementales. Il a été torturé en détention et condamné à la réclusion à perpétuité par un tribunal militaire, à l’issue d’un procès ne respectant pas les règles d’équité les plus élémentaires. Les autorités n’ont pas autorisé deux représentants de Front Line à lui rendre visite à l’hôpital à l’occasion de leur mission à Bahreïn la semaine dernière. Des manifestations de grande ampleur ont été organisées à Bahreïn vendredi 6 avril afin de réclamer la libération d’Abdulhadi Al Khawaja.