Bahreïn. Les reports de la cour «mettent en jeu la vie d’un gréviste de la faim»

Le report du procès en appel de 14 militants de l’opposition incarcérés joue avec la vie de l’éminent militant Abdulhadi Al Khawaja, qui observe une grève de la faim en prison depuis 75 jours, a déclaré Amnesty International. Lors de l’audience du 23 avril qui n’a duré que quelques minutes, la Cour de cassation de Manama, à Bahreïn, a renvoyé l’appel au 30 avril, semble-t-il sans donner de motif étayant cette décision. C’est la deuxième fois que l’affaire est reportée depuis que la cour a commencé à l’examiner le 2 avril. Cette décision intervient après qu’un manifestant est décédé durant le week-end lors de manifestations de rue, alors que le royaume accueillait le Grand prix de Formule 1. Une enquête a été ouverte sur sa mort. « Les stratégies de report auxquelles recourent les autorités bahreïnites jouent avec la vie d’Abdulhadi al Khawaja, qui est aux portes de la mort et entame son 75e jour de grève de la faim, a indiqué Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International. « Abdulhadi al Khawaja et les 13 autres accusés dans cette affaire sont des prisonniers d’opinion, détenus uniquement pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression dans le cadre des manifestations antigouvernementales qui ont eu lieu en 2011. » Le militant a déclaré qu’il avait l’intention de poursuivre sa grève de la faim jusqu’à ce qu’il soit libéré. Toutefois, sa libération ne pourra intervenir avant le 30 avril, ce qui ne fait qu’exacerber les inquiétudes pour sa vie. Durant l’audience du 23 avril, le tribunal a été clôturé et encerclé par les forces de sécurité ; chaque accusé avait droit à la présence de son avocat et d’un membre de sa famille. Aucun des 14 inculpés ne se trouvait dans la salle d’audience. Abdulhadi Al Khawaja, 52 ans, purge une peine de détention à perpétuité pour son rôle dans les manifestations antigouvernementales organisées en 2011. Lorsqu’il a parlé pour la dernière fois à sa famille, dans la soirée du 22 avril, il leur a dit qu’il était heureux d’avoir pris la décision de poursuivre sa grève de la faim et que, s’il devait en mourir, « au moins il serait libre ». Sa fille, Zainab Al Khawaja, a une nouvelle fois été arrêtée samedi soir lors d’une manifestation contre le maintien en détention de son père. Inculpée de troubles à la circulation et d’insultes envers un policier, elle demeure incarcérée. Son avocat a informé sa famille qu’une décision dans cette affaire devrait être prise dans la soirée du 23 avril. Zainab Al Khawaja a pu parler à sa famille durant sa détention, lors d’un appel téléphonique limité à une minute. « Le Grand Prix a eu lieu, mais pour les citoyens de Bahreïn, les médias ont déjà braqué leurs projecteurs vers d’autres horizons, tandis que les autorités doivent encore franchir une étape quant à la situation des droits humains dans le pays », a conclu Hassiba Hadj Sahraoui.