Les autorités azerbaïdjanaises prennent pour cibles les organisateurs d’un rassemblement de l’opposition

Les autorités azerbaïdjanaises doivent mettre fin à la campagne d’intimidation visant les dirigeants de l’opposition, au cours de laquelle des militants ont été détenus et auraient été frappés par les policiers à la suite de manifestations antigouvernementales, a déclaré Amnesty International jeudi 7 avril. Des responsables clés du Parti de l’égalité et du Parti du front populaire d’Azerbaïdjan (PFPA) ont été placés en détention dans le cadre de la répression exercée par le gouvernement au lendemain des manifestations de la « Journée de la colère », samedi 2 avril, et ont été inculpés de graves troubles à l’ordre public, bien que des doutes subsistent quant aux preuves retenues contre eux. Un responsable du parti au pouvoir a averti le 6 avril que le gouvernement réprimerait durement une autre manifestation prévue le 16. « Le régime azerbaïdjanais fait savoir sans ambiguïté qu’il s’en prendra à toutes les voix dissidentes sans exception et avec violence, a indiqué John Dalhuisen, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International. « Il doit cesser de prendre délibérément pour cibles les principaux chefs de file de l’opposition et autoriser la tenue des manifestations prévues. » Des manifestants et les avocats représentant certains de ces dirigeants ont affirmé que les policiers les avaient frappés au moment de leur arrestation et au cours de leur détention. Des centaines de policiers antiémeutes ont été déployés dans le centre de Bakou pour empêcher la manifestation prévue samedi 2 avril, inspirée par les soulèvements en Afrique du Nord et au Moyen-Orient et mise sur pied via Facebook. D’après une déclaration du ministère azerbaïdjanais de l’Intérieur, le 4 avril, quelque 200 personnes ont été interpellées pendant et juste après le rassemblement, tandis que 17 autres militants et organisateurs ont été arrêtés dans les jours qui ont suivi. Parmi les personnes arrêtées le 2 avril figurent Hasan Karimov, président du Parti du front populaire d’Azerbaïdjan (PFPA), Tazakhan Miralamli, président de la section de Jalilabad du PFPA, et Tural Abbasli, président de l’organisation des jeunes du Parti de l’égalité. Hasan Karimov, qui souffre de problèmes cardiaques, a été hospitalisé après avoir développé des problèmes respiratoires dans une cellule surpeuplée qu’il partageait avec 54 codétenus. Tazakhan Miralamli affirme que les policiers antiémeutes l’ont roué de coups lorsqu’ils l’ont arrêté, puis de nouveau lors de sa détention au poste de police du district de Sabail. Il a ensuite été conduit à l’hôpital, où le personnel a constaté qu’il souffrait d’un doigt cassé et de problèmes rénaux, ainsi que de graves lésions à l’œil gauche. Lors d’un procès qui s’est déroulé à huis clos le 4 avril, le tribunal du district de Sabail a ordonné le placement en détention provisoire pour une durée de deux mois de Tural Abbasli et de deux autres opposants – Arif Hajili, du Parti de l’égalité, et Mahammad Majidli du PFPA –, inculpés d’avoir organisé des troubles à l’ordre public de grande envergure. S’ils sont reconnus coupables, ils risquent jusqu’à trois ans d’emprisonnement. Selon l’avocat de Mahammad Majidli, le tribunal n’a entendu aucun témoignage ni examiné aucune preuve étayant les charges retenues contre son client. « Le gouvernement d’Azerbaïdjan doit libérer immédiatement toute personne incarcérée uniquement pour avoir prôné de manière pacifique des réformes politiques et mener une enquête exhaustive sur les mauvais traitements et les mesures de harcèlement visant des militants dans le sillage des récentes manifestations », a estimé John Dalhuisen. Les autorités du pays ont porté diverses accusations, notamment organisation de troubles à l’ordre public de grande envergure, désobéissance délibérée aux forces de police, détention illégale d’armes à feu et incitation à la haine interethnique, contre des personnes placées en détention dans le cadre des rassemblements du 2 avril. Les autorités azerbaïdjanaises ont également engagé des poursuites pénales par contumace contre Elnur Majidli, militant installé en France qui a contribué à développer la page Facebook appelant à manifester les 11 mars et 2 avril.