Yémen. Les forces de sécurité bloquent l’accès aux hôpitaux

Selon des informations reçues par Amnesty International, les forces de sécurité au Yémen auraient refusé aux habitants l’accès aux hôpitaux pour y transporter des blessés après la manifestation du 25 février, au cours de laquelle les forces de sécurité centrale ont tiré sur des manifestants antigouvernementaux et des passants, faisant au moins 11 morts.Les membres des forces de sécurité ont tiré sur les manifestants depuis des véhicules blindés et ont attaqué des maisons dans lesquelles ils pensaient que des manifestants s’étaient réfugiés. Deux hommes auraient été tués chez eux au cours d’un épisode de tirs intensifs, tous les deux touchés à la tête.« La situation au Yémen se dégrade et les forces de sécurité yéménites font preuve d’un mépris choquant pour la vie humaine », a déclaré Philip Luther, directeur adjoint d’Amnesty International pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord.« Les autorités yéménites ont le devoir de veiller à ce que les blessés soient soignés. Elles ne doivent en aucun cas bloquer l’accès à des soins médicaux urgents, particulièrement quand des vies sont en jeu. »Un médecin a déclaré à Amnesty international :  « Je suis allé dans le quartier de al Mualla pour prendre en charge des blessés et les amener à l’hôpital, mais quand je suis arrivé là-bas, les forces de sécurité ont refusé de me laisser passer et m’ont dit de rebrousser chemin. Je leur ai montré ma carte d’identité et leur ai dit que j’étais médecin, que je voulais venir en aide à des blessés qui perdaient leur sang dans la rue. Mais les forces de sécurité m’ont répondu : « Laisse les mourir ! » J’ai dû rebrousser chemin. »Le nombre de morts lors des récentes manifestations appelant à la démission du président yéménite s’élève aujourd’hui à 27, avec en moyenne presque trois personnes tuées chaque jour depuis le 16 février. Vingt-quatre personnes ont été tuées à Aden, deux à Sanaa et une à Taizz.« Les autorités doivent ouvrir dans les meilleurs délais une enquête indépendante sur la mort de manifestants et de passants au Yémen et sur les allégations de déni d’assistance médicale », a déclaré Philip Luther.« Amnesty International a, de façon réitérée, appelé les autorités yéménites à modérer leurs forces de sécurité. Les méthodes brutales employées contre les manifestants doivent cesser immédiatement. »