La Serbie doit engager d’autres poursuites, alors qu’une condamnation pour meurtre au Kosovo vient d’être prononcée

Amnesty International exhorte les autorités serbes à contribuer à déférer à la justice toutes les personnes impliquées dans le meurtre en 1999 de centaines de Kosovars (Albanais du Kosovo) et dans les efforts déployés par la suite pour dissimuler les faits, au lendemain de la condamnation à La Haye de l’ancien général de la police serbe Vlastimir Đorđević.Vlastimir Đorđević, 62 ans, a été reconnu coupable le 23 février par le Tribunal pénal international (TPI) pour l’ex-Yougoslavie du meurtre d’au moins 724 Kosovars, pour la plupart des civils non armés, et de l’opération qui a consisté à transférer près de 900 cadavres depuis le Kosovo pour les enterrer en Serbie.« Amnesty International salue la condamnation de Vlastimir Đorđević, mais appelle les autorités serbes à redoubler leur efforts afin de déférer à la justice tous les policiers et toutes les personnes soupçonnés d’avoir tué des Kosovars et participé à l’opération visant à camoufler les faits, a indiqué Nicola Duckworth, directrice du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International. « Les autorités, et tout particulièrement le ministère de la Sécurité intérieure, doivent apporter toute l’assistance nécessaire au procureur chargé des crimes de guerre en vue de traduire en justice les responsables présumés. »Depuis 2001, les restes humains de 744 Kosovars ont été exhumés d’un charnier dans une base de la police à Batajnica et 61 dépouilles d’une base de Petrovo Selo, où ils avaient été transférés dans le cadre de l’opération coordonnée visant à faire disparaître les preuves des crimes commis par les forces serbes sur les ordres de Slobodan Milošević, alors président de la République fédérale de Yougoslavie.Quatre-vingt-quatre autres cadavres ont été découverts près du lac Perućac.Certaines dépouilles de personnes qui auraient été transportées dans des camions jusqu’en Serbie n’ont toujours pas été retrouvées.« Les proches des victimes de disparitions forcées ont le droit d’obtenir justice et de connaître la vérité sur ce qui est arrivé aux membres de leurs familles », a estimé Nicola Duckworth.Le 23 février, Vlastimir Đorđević a été condamné à une peine de 27 ans d’emprisonnement après avoir été déclaré coupable de crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis contre des civils kosovars en 1999. D’après le Comité international de la Croix-Rouge, au total, 1 822 Kosovars, Serbes, Roms et autres sont toujours portés disparus depuis la guerre du Kosovo de 1999.Complément d’informationVlastimir Đorđević, ancien adjoint du ministère serbe de l’Intérieur et directeur de son département de la Sécurité publique, a été déclaré coupable d’avoir participé à une entreprise criminelle commune au Kosovo en 1999, qui s’est traduite par des déportations, des meurtres, des transferts forcés et des persécutions. Il a également été reconnu responsable de la déportation et du transfert forcé d’environ 200 000 Albanais du Kosovo depuis les 13 municipalités répertoriées dans l’acte d’accusation.Inculpé en 2003, Vlastimir Đorđević n’a pas été arrêté avant juin 2007 au Monténégro. Son procès s’est ouvert en janvier 2009 et s’est achevé en juillet 2010. Cinq autres responsables politiques, militaires et policiers serbes de haut rang, dont certains ont été identifiés comme ayant participé à cette entreprise criminelle commune – notamment Nikola Šainović, ancien vice-Premier ministre, et Sreten Lukić, ancien chef de la police serbe au Kosovo – ont été reconnus coupables de crimes de guerre et crimes contre l’humanité par le Tribunal en février 2009. Amnesty International a également demandé à la mission européenne de police et de justice au Kosovo (EULEX) d’ouvrir sans délai une enquête sur la participation présumée du Premier ministre du Kosovo Hashim Thaçi à l’enlèvement, après la guerre, d’Albanais et de Serbes. Voir aussi :Kosovo: EU police & justice mission must investigate post-conflict abductions