Indonésie. Le gouvernement continue de manquer à son devoir envers les employés de maison

En Indonésie, les employés de maison, dont la grande majorité sont des femmes et des jeunes filles, resteront exposés à l’exploitation et aux mauvais traitements tant que le Parlement ne votera pas de Loi relative aux employés de maison, a déclaré Amnesty International lundi 14 février. À l’heure actuelle, bon nombre de dispositions légales applicables, aux termes du droit indonésien, à d’autres professions ne protègent pas la catégorie professionnelle des employés de maison. « Alors que l’Indonésie s’apprête à commémorer, le 15 février, la Journée nationale des employés de maison, 2,6 millions de personnes appartenant à cette catégorie professionnelle ne bénéficient toujours pas de la protection de la loi », a déclaré Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. « Pour l’instant, la Loi de 2003 sur le travail, qui garantit les droits des travailleurs, est discriminatoire à l’égard des employés de maison. Cette loi ne leur offre pas la même protection qu’aux autres travailleurs, comme une limite raisonnable au nombre d’heures travaillées, un certain temps de repos ou des congés, par exemple. »Le fait qu’aucune loi protégeant les employés de maison n’ait encore été promulguée en Indonésie plus d’un an après que le Parlement en ait fait une priorité laisse ces personnes exposées à l’exploitation et aux mauvais traitements. De ce fait, des femmes et des jeunes filles employées de maison vivent et travaillent dans des conditions délétères loin des regards. Régulièrement, elles sont victimes d’exploitation économique ainsi que de violences physiques, psychologiques et sexuelles.« Le fait que l’extension des protections juridiques au profit des employés de maison ait été retardée est en contradiction avec les mesures déjà adoptées par les autorités pour renforcer la protection des migrants indonésiens à l’étranger, y compris des employés de maison. Nous soutenons ces mesures ; cependant, en matière de droits humains, chacun doit bénéficier des mêmes protections », a déclaré Sam Zarifi.L’absence de mesures de protection adéquates a également pour ces personnes des conséquences sur la jouissance de leurs droits sexuels et reproductifs. Dans un rapport publié en 2010 et intitulé Left Without a Choice: Barriers to Reproductive Health in Indonesia (https://www.amnesty.org/en/library/info/ ASA21/013/2010/en), Amnesty International constatait que les employées de maison risquent de perdre leur place sans la moindre forme de compensation si elles tombent enceintes. Elles peuvent également se voir forcées à travailler dans des situations dangereuses pour elles et pour l’enfant à naître.Garantir la protection juridique des employées de maison devrait soutenir les efforts du gouvernement indonésien en vue d’accroître l’égalité entre les hommes et les femmes et d’améliorer la santé maternelle dans le cadre de ses engagements pour les Objectifs du millénaire pour le développement établis par les Nations unies. Amnesty International a fait part de son soutien au Réseau pour la défense des employés de maison (Jala-PRT), une coalition nationale œuvrant pour les droits des employés de maison en Indonésie. Le Jala-PRT et divers syndicats et organisations indonésiens ont prévu d’organiser des manifestations publiques dans tout le pays afin de commémorer la Journée nationale des employés de maison. ContexteL’élaboration et l’adoption d’une Loi relative à la protection des employés de maison ont été inscrites au Programme législatif national (Prolegnas) en 2010, après des années de campagne menée par des organisations nationales et internationales. La version préliminaire de la loi obtenue par Amnesty International en avril 2010 n’était pas conforme aux normes et au droit internationaux relatifs aux droits humains, en particulier en matière de protection des employées de maison avant et après leur grossesse. En outre, cette ébauche ne contenait aucune disposition concernant les besoins spécifiques des femmes, alors même que l’écrasante majorité des employés de maison en Indonésie sont des femmes ou des jeunes filles.En juin 2010, la commission parlementaire chargée des questions relatives au travail, aux migrants, à la population et à la santé (Commission IX) au sein de la Chambre des Représentants du peuple, qui devait rédiger le projet de loi, a annoncé un report des débats en invoquant l’existence de conflits non résolus entre les partis politiques. En novembre 2010, Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International, s’est rendu en Indonésie et a rencontré des représentants du gouvernement et d’autres parties prenantes, à qui il a fait part de ses préoccupations face à la situation en soulignant la nécessité de protéger les employés de maison.Cette loi est de nouveau une priorité dans le Programme législatif national de 2011 mais aucun progrès n’a été réalisé à ce jour.