Amnesty International exhorte le Soudan à mettre un terme à la répression des manifestations

Amnesty International a demandé au gouvernement soudanais de cesser de réprimer la liberté d’expression, après l’arrestation d’au moins 70 personnes lors de manifestations inspirées par les mouvements de protestation en Tunisie, en Égypte et au Yémen.Un étudiant serait mort, des dizaines de personnes ont été blessées et plus de 70 autres appréhendées après que des policiers antiémeutes armés et des membres des services de sécurité aient utilisé des matraques et du gaz lacrymogène pour disperser les manifestations de dimanche 30 janvier à Khartoum et à Omdurman.« Le gouvernement doit immédiatement ouvrir une enquête indépendante et impartiale sur les circonstances entourant la mort de Mohammed Abdelrahman, un étudiant qui avait pris part à la manifestation et qui a succombé à ses blessures à l’hôpital d’Omdurman », a déclaré Erwin van der Borght, directeur du programme Afrique d’Amnesty International.Des agents du Service national de la sûreté et du renseignement (NISS) et des policiers auraient frappé des manifestants, tandis que d’autres membres du NISS auraient recherché les organisateurs de la manifestation la nuit précédant celle-ci.Un grand nombre de personnes ont été arrêtées dans la rue avant qu’elles ne puissent se joindre au cortège.Une vingtaine de personnes se trouveraient encore en détention sous la responsabilité du NISS, dont sept journalistes qui ont été arrêtés alors qu’ils couvraient les manifestations.Plus de 25 manifestants ont été relâchés dans la soirée du 31 janvier. On continue à ignorer combien de personnes sont toujours incarcérées. Les journalistes sont quant à eux toujours en détention.« Les journalistes arrêtés doivent être libérés immédiatement et sans condition, et autorisés à reprendre leur travail. Les Soudanais devraient pouvoir exercer leur droit à la liberté d’expression. »Ajrass Al Hurriya, un journal d’opposition, n’a pas pu être imprimé lundi 31 janvier au matin, tandis qu’Al Sahafa, un journal indépendant, s’est également vu interdire par le NISS de diffuser son numéro de lundi dans la foulée de son impression.Plus de 2 000 personnes se seraient rassemblées dans divers secteurs de Khartoum et d’Omdurman dimanche 30 afin de réclamer le respect de la démocratie et de meilleures conditions de vie.« Les gens en ont assez. Vingt-deux ans, ça suffit, a déclaré à Amnesty International un des manifestants, qui a été roué de coups par la police et ne peut être nommé pour des raisons de sécurité. L’argent de la population sert à financer la sécurité ; des services de sécurité pour se protéger eux-mêmes [le parti au pouvoir]. »Les étudiants se sont mobilisés à l’intérieur de leurs universités, et des affrontements auraient éclaté entre les manifestants et la police et les sympathisants du parti du Congrès national, qui est au pouvoir au Soudan, après que la police eut recouru à la force pour disperser ces manifestations pacifiques.Des dizaines de manifestants ont été conduits dans les hôpitaux de Khartoum ; plusieurs étaient grièvement blessés. Certains manifestants n’ont toujours pas reparu.Les troubles ont commencé le jour où il a été annoncé que 99 % de la population du sud du pays avait voté en faveur de son indépendance.« Alors que la population du sud du Soudan célèbre les résultats préliminaires du référendum, les habitants du nord du pays continuent à voir leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique bafoué. Il ne faut plus que le gouvernement soudanais refuse que ces événements soient même rendus publics ou qu’il s’abstienne de respecter la liberté d’expression de son peuple », a conclu Erwin van der Borght.