Colombie. Inquiétude à la suite de l’arrestation d’une défenseure des droits humains enceinte

Ce jeudi 18 novembre, Amnesty International a fait part de son inquiétude à la suite de l’arrestation d’une défenseure des droits humains proche du terme de sa grossesse le 16 novembre dans la ville de Bucaramanga. Cette femme est accusée d’avoir des liens avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Carolina Rubio, qui est enceinte de plus de huit mois, est membre du Mouvement national des victimes de crimes d’État (MOVICE) et du Comité de solidarité avec les prisonniers politiques (FCSPP). Elle est actuellement emprisonnée malgré les inquiétudes concernant sa santé. « Les autorités colombiennes ont le devoir d’enquêter sur toute activité criminelle et de traduire en justice les responsables présumés dans le cadre de procédures conformes aux normes internationales d’équité, a déclaré Marcelo Pollack, spécialiste de la Colombie à Amnesty International. « Néanmoins, il est très préoccupant que ces arrestations fassent partie d’une stratégie visant à réduire au silence et discréditer les défenseurs des droits humains et à détourner l’attention des atteintes aux droits humains qu’ils dénoncent. » L’arrestation de Carolina Rubio s’inscrit dans une période où l’inquiétude est de plus en plus vive face aux menaces et homicides visant des défenseurs des droits humains et d’autres militants des droits sociaux, dont les auteurs sont la plupart du temps des groupes paramilitaires. Les accusations portées contre cette femme semblent reposer sur des renseignements fournis par des informateurs anonymes. Les poursuites pénales engagées contre des défenseurs des droits humains en Colombie sont fréquemment fondées sur de fausses informations émanant de personnes souvent payées, et non sur des éléments recueillis au cours d’enquêtes impartiales menées par les autorités judiciaires civiles. Carolina Rubio est rentrée le mois dernier de Bruxelles, où elle avait représenté des organisations colombiennes de défense des droits humains et des droits sociaux lors d’une réunion d’organisations européennes de défense des droits humains et d’aide au développement. Au cours de sa visite, elle avait rencontré des représentants de la Commission européenne et des membres du corps diplomatique, à qui elle avait présenté un rapport sur l’évolution de la situation des droits humains durant les 75 premiers jours de la présidence de Juan Manuel Santos. « Les autorités doivent veiller à ce que les garanties d’une procédure régulière soient respectées et que la situation de Carolina Rubio au regard de la loi soit rapidement réglée. Elles doivent également s’assurer qu’elle bénéficie de soins médicaux de qualité tant qu’elle est en détention. Amnesty International suit cette affaire de près, d’autant plus que des préoccupations ont été soulevées quant à des irrégularités de procédure », a ajouté Marcelo Pollack. Amnesty International surveille en outre la sécurité des défenseurs des droits humains à Bucaramanga, car les menaces et homicides dont certains de ces militants sont la cible, que leurs auteurs soient des paramilitaires ou des membres des forces de sécurité, font souvent suite à des tentatives visant à faire progresser des procédures pénales engagées contre eux, en particulier lorsque ces procédures entachées d’irrégularités n’aboutissent pas.