Brésil. Condamnation de la violence à Rio de Janeiro

Vendredi 26 novembre, Amnesty International a exhorté les autorités brésiliennes à réagir de manière proportionnée et dans le respect de la loi à la vague de violence imputable aux bandes criminelles qui a frappé Rio de Janeiro au cours de la semaine écoulée.Durant cette période, des postes de police ont été attaqués, des habitants ont fait l’objet de manœuvres d’intimidation et une centaine de véhicules ont été incendiés.Plus de 30 personnes sont mortes lors d’opérations menées par la police civile et militaire contre des membres de gangs, dont une jeune fille de 14 ans touchée par une balle perdue à son domicile dans le quartier de Vila Cruzeiro.« Cette violence est totalement inacceptable, mais la réponse de la police met les habitants en danger. Les autorités doivent veiller à ce que la sécurité et le bien-être de l’ensemble de la population passe avant toute chose lors des opérations menées dans des zones résidentielles », a déclaré Patrick Wilcken, spécialiste du Brésil au sein d’Amnesty International.Selon les services municipaux de l’éducation, 17 écoles et 12 garderies ont été fermées à Rio cette semaine, laissant plus de 12 000 enfants sans prise en charge dans la journée. Plusieurs milliers de personnes résidant dans le nord de la ville n’ont pas pu aller travailler et de nombreux habitants n’ont plus d’eau ni d’électricité.« La vague actuelle de violence criminelle est symptomatique des défaillances plus générales de la justice pénale, a souligné Patrick Wilcken. « Les attaques de cette semaine sont un avertissement pour les nouveaux gouvernements fédéral et d’État. »D’après les informations parues dans les médias, cette vague d’attaques aurait été ordonnée par un chef de bande incarcéré dans une prison fédérale dans l’État de Rondônia, ce qui révèle les faiblesses du système carcéral fédéral.Amnesty International craint que l’opération de sécurité actuellement montée dans un ensemble de quartiers appelé Complexo do Alemão ne fasse encore davantage de victimes. Les habitants sont maintenant obligés de rester chez eux, des entreprises ont fermé et des coups de feu ont été signalés.Dans le cadre d’une « méga-opération » menée en 2007 dans le Complexo do Alemão, 19 personnes avaient été tuées par des policiers. Malgré les allégations formulées ensuite par la Commission des droits humains sur les exécutions sommaires de l’État de Rio de Janeiro, ces homicides n’ont jamais fait l’objet d’enquêtes satisfaisantes. Cette opération n’a eu aucun impact positif à long terme sur la sécurité des habitants de cette zone, qui a continué d’être sous le joug du Comando Vermelho, un groupe de narcotrafiquants.Hormis les Unités policières de pacification (UPP), qui ont considérablement réduit la violence dans certains quartiers, à Rio de Janeiro, le maintien de l’ordre repose toujours sur des méthodes répressives.La police de Rio a tué plus de 500 personnes cette année à la suite de prétendus « actes de rébellion ». De vastes zones de la ville continuent d’être dominées par des groupes de policiers paramilitaires.Amnesty International appelle la présidente élue Dilma Rousseff à tenir sa promesse de faire de la sécurité publique une priorité pendant son mandat à venir. L’organisation engage également les autorités de Rio de Janeiro à renoncer aux approches répressives à court terme, à privilégier une réforme structurelle à long terme de la justice pénale et à garantir la sécurité par un maintien de l’ordre fondé sur la réduction de la violence et le respect des droits humains.